La Guinée, ce pays au passé rebelle et à la fierté inébranlable, se trouve une nouvelle fois au carrefour de son histoire. Alors que la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait face à une vague de dissidences, la question se pose : la Guinée, à son tour, choisira-t-elle de claquer la porte ?
Les récentes déclarations du Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, lors d’une session parlementaire, laissent planer le doute, mais tracent un chemin singulier. « Trois pays de la région se sont détournés de la CEDEAO. La Guinée, elle, a choisi une voie différente », a-t-il déclaré avec assurance. Une approche prudente mais résolue, qui fait écho à un passé marqué par la défiance envers les puissances étrangères, à commencer par le fameux « non » de 1958 à la France. Ce souvenir, gravé dans la mémoire collective guinéenne, semble encore une fois inspirer la décision actuelle.
Mais cette approche différente que propose Bah Oury, qu’implique-t-elle réellement ? Si Conakry se refuse pour l’instant à suivre le chemin de ses voisins sahéliens – Mali, Burkina Faso et Niger –, la question n’est pas close. Dans ce contexte de rupture et de tensions géopolitiques, la Guinée se retrouve au cœur d’un jeu d’équilibriste. Faut-il maintenir les ponts avec une organisation régionale en pleine crise de légitimité, ou au contraire, rejoindre cette nouvelle vague de contestation qui pousse vers une redéfinition des alliances ?
Le Premier ministre semble faire le pari de la prudence, sans pour autant céder aux pressions. Car, ne nous y trompons pas, la situation guinéenne est tout aussi délicate que celle de ses voisins. La CEDEAO, autrefois perçue comme un garant de stabilité régionale, fait face à une contestation croissante. Et pour la Guinée, la tentation de rompre avec une organisation perçue par certains comme dépassée est bien réelle.
Alors, quel avenir pour les relations entre la Guinée et la CEDEAO ? L’ombre d’un retrait plane, mais la Guinée, fidèle à son histoire, semble vouloir tracer sa propre route, quitte à défier les attentes. Ce qui est certain, c’est que le choix de Conakry sera scruté, analysé et, quoi qu’il en soit, aura des répercussions bien au-delà de ses frontières.
Alpha Amadou Diallo