Un nouvel enlèvement secoue Conakry. Saadou Nimaga, ancien Secrétaire général du Ministère des Mines et de la Géologie, a été kidnappé ce jeudi 17 octobre 2024, en début d’après-midi, à l’hôtel Kaloum, situé non loin du palais présidentiel. Depuis, aucune nouvelle de lui.
Juriste de formation, Nimaga a occupé plusieurs postes clés au sein de l’administration guinéenne, avant de devenir une figure importante du ministère des Mines sous le régime d’Alpha Condé. Il est notamment reconnu pour sa contribution à la rédaction du Code minier guinéen. Écarté de l’administration après le coup d’État du 5 septembre 2021, il s’était depuis reconverti dans le secteur privé avec son cabinet de consulting, Nature, Infrastructures et Mines (NIM), qui collabore avec plusieurs entreprises minières.
D’après le témoignage du chauffeur de Nimaga, rapporté par un membre de la famille, ce jeudi fatidique, il avait plusieurs rendez-vous professionnels dans le centre-ville de Kaloum, où se situe également son bureau. Après un premier rendez-vous à la Banque mondiale, il se rend à l’hôtel Kaloum pour un second entretien. C’est à la sortie de l’établissement que trois hommes en civil l’ont intercepté, ainsi que son chauffeur, les forçant à monter dans leur propre véhicule.
Selon le récit, les ravisseurs ont ligoté Nimaga et son chauffeur, les yeux couverts de sacs noirs. Ils ont ensuite été conduits vers une destination inconnue. « Ils ont fini par se retrouver dans une maison vide, isolée. Vers 21 h, après plusieurs menaces, les ravisseurs ont libéré le chauffeur, l’abandonnant à Landréah, dans la commune de Dixinn », confie la même source. Depuis, aucune trace de Nimaga.
Sa famille, dans l’angoisse, ignore les raisons de cet enlèvement ainsi que l’identité des ravisseurs. Le chauffeur, traumatisé, a disparu depuis ce vendredi matin, sans laisser de trace.
Cet enlèvement s’ajoute à une longue liste de personnalités civiles et militaires kidnappées en Guinée, sous le régime de la junte. Certaines victimes, comme le général Sadiba Koulibaly, le pédiatre Mohamed Dioubaté, ou encore le colonel Célestin Bilivogui, ont été retrouvées mortes. D’autres, comme les activistes Foniké Menguè et Billo Bah, restent portées disparues, sans aucune procédure judiciaire engagée à leur encontre.
Les témoignages recueillis auprès des victimes ou de leurs proches pointent souvent du doigt des unités spécifiques, notamment le groupement des forces spéciales basé au Palais Mohamed V, ainsi que le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), créé sous le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Sous la transition dirigée par Mamadi Doumbouya, les cas d’enlèvements et de disparitions forcées se multiplient, soulevant de vives inquiétudes tant au niveau national qu’international. Ces actes, assimilés à des assassinats extrajudiciaires, interrogent sur le respect des droits humains en Guinée.
L’affaire reste à suivre…
Mamadou Malal Bah