Depuis plus de deux ans, l’État guinéen assure l’hospitalisation prolongée de Dr Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre, actuellement en détention pour des accusations de détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment d’argent. Cette prise en charge médicale, coûteuse et controversée, suscite de vifs débats sur la gestion des ressources publiques en Guinée.
Sous traitement à la Clinique Pasteur de Conakry, les frais d’hospitalisation de Dr Fofana s’élèvent à près de 99 millions de francs guinéens par mois, financés par le trésor public depuis plus d’un an. Ce montant, qui représente environ 1,2 milliard de francs guinéens par an, pèse lourd sur le budget de l’État, déjà fragilisé par les défis économiques du pays.
Lors de la dernière audience le mercredi 30 octobre 2024, le procureur spécial près de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), Aly Touré, a soulevé des interrogations sur le bien-fondé de cette hospitalisation prolongée. « Les diligences ont été accomplies pour le jugement de Dr Kassory, mais ce dernier invoque toujours des raisons de santé pour ne pas comparaître », a affirmé le procureur, soulignant ce qu’il perçoit comme une stratégie de l’ex-Premier ministre pour éviter le procès.
Le procureur Touré a également mis en doute la sincérité des rapports médicaux justifiant l’absence de Dr Fofana devant le tribunal, affirmant qu’ils auraient été obtenus uniquement dans le but de retarder la procédure. « C’est seulement au moment du jugement qu’il a sollicité un rapport médical sans que la cour ne l’ait exigé », a-t-il déclaré, dénonçant une attitude qu’il juge moqueuse à l’égard des institutions judiciaires.
Pour sortir de cette impasse, Aly Touré a encouragé le tribunal à envisager un jugement par contumace, option prévue par la loi guinéenne. « La loi permet que l’accusé soit jugé même en son absence. Nous pensons que cette option peut être retenue pour que le dossier de Dr Kassory Fofana soit rapidement traité », a-t-il plaidé.
Dans un contexte de tension budgétaire, la gestion de cette affaire alimente l’indignation populaire, avec des citoyens questionnant l’utilisation des ressources publiques pour financer les frais médicaux de personnalités accusées de malversations financières.
Amadou Diallo