Dans une région marquée par l’incertitude, la Guinée vient de rappeler, avec force et clarté, qu’elle n’a aucunement l’intention de devenir un outil de déstabilisation pour ses voisins. Par la voix de son ministre et porte-parole de la présidence, Amara Camara, le pays a fermement démenti les rumeurs qui l’accusent d’accueillir une base militaire étrangère. Cette mise au point est intervenue à un moment symbolique : le 66ème anniversaire de l’armée guinéenne, une institution qui se veut le garant de l’intégrité nationale et de la paix dans la sous-région.
Face aux craintes qui montent, notamment au Mali, où certains soupçonnent une alliance entre la Guinée et des puissances étrangères, Camara a été on ne peut plus clair. « Depuis 1958 jusqu’en 2024, il n’existe nulle part sur le territoire guinéen une seule portion où se trouve un soldat étranger », a-t-il déclaré, rappelant que la Guinée n’a jamais eu besoin d’intervention extérieure pour sécuriser son territoire. Pour Camara, suggérer que la Guinée pourrait servir de « bastion » pour déstabiliser un pays voisin est non seulement infondé, mais également profondément insultant pour un peuple fier de son indépendance.
Ces accusations, qui visent implicitement une possible ingérence française, tombent à un moment de crispation autour du retrait des troupes françaises du Mali. L’ancienne puissance coloniale, accusée de jouer un rôle ambivalent dans le Sahel, suscite de la méfiance. Mais en Guinée, la position est limpide : ni la France, ni aucune autre nation, n’a vocation à s’implanter militairement sur son sol.
En réaffirmant sa neutralité et son attachement à la souveraineté régionale, la Guinée envoie un message sans ambiguïté : elle reste fidèle à son histoire de non-alignement et de coopération respectueuse. Elle refuse d’être instrumentalisée dans des jeux d’influence qui n’ont que trop souvent déstabilisé le continent. Ce rappel à l’ordre traduit bien une ambition plus large : être un pilier de stabilité dans une région où les tensions se multiplient.
La Guinée, forte de son héritage et de sa souveraineté, entend tracer son propre chemin sans interférence. Elle a choisi la voie de l’indépendance et, dans un contexte de remous, elle réaffirme qu’elle ne fléchira pas. Un message pour ses voisins, mais aussi pour ceux qui, de loin, regardent l’Afrique de l’Ouest comme un échiquier stratégique.
Alpha Amadou Diallo
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