Conakry, le 4 novembre – Le procès d’Ahmed Kanté, ancien ministre des Mines, s’intensifie alors que la partie civile multiplie les preuves pour étayer ses accusations d’abus de confiance et de concurrence déloyale. Face aux avocats de la société African Bauxite Corporation (ABC), l’accusé a dû répondre à un flot de questions dans une audience prolongée.
Les avocats d’ABC ont présenté une série de documents pour appuyer leurs allégations. Selon Maître Alkaly Mohamed Touré, avocat de la partie civile, chaque élément de preuve a été soigneusement choisi pour démontrer la culpabilité de Kanté. « Nous ne faisons pas de déclarations gratuites. Toutes nos preuves sont solides et documentées. Ce dossier est arrivé au tribunal après une instruction rigoureuse, » a-t-il affirmé devant la presse.
Me Touré a également expliqué que les preuves montraient comment la société GIK, contrôlée par Kanté, n’avait fait que remplacer EBC, société initialement partenaire du projet minier. « Nous avons démontré que GIK n’était qu’un remplaçant d’EBC, ce qui explique sa prise de contrôle de 58 % des actions d’AGB2A, » a-t-il ajouté. Le co-accusé, Claude Lokci, a même confirmé cette version devant le juge d’instruction, ajoutant que les sociétés AGB2A et GIK avaient été créées par Kanté dans le but de s’approprier le projet minier.
La partie civile a également justifié sa demande de saisie conservatoire des biens d’Ahmed Kanté. « Il a exploité les investissements d’ABC sans apporter aucune contribution, s’enrichissant indûment, » a déploré Maître Touré, citant également les plaintes de SD Meining, un partenaire d’ABC, qui accuse Kanté de tromperie. « Il a profité de sa position d’ancien ministre et d’ancien directeur de la SOGUIPAMI pour agir ainsi contre un investisseur étranger, » a-t-il martelé.
De son côté, la défense d’Ahmed Kanté, représentée par Maître Sékou Fofana, conteste ces accusations. Selon lui, la partie civile n’a fourni aucune preuve tangible reliant Kanté ou EBC à un quelconque partenariat avec ABC. « Aucun des documents produits ne mentionne ni EBC ni M. Kanté. La partie civile n’a présenté aucun élément de contradiction crédible, » a affirmé Me Fofana, ajoutant que le refus d’ABC de se rendre sur le site pour évaluer les investissements prouve l’inexistence de ces contributions.
Le tribunal a finalement rejeté les deux demandes principales : celle de la défense pour un transport judiciaire, et celle de la partie civile pour une saisie conservatoire. L’affaire est renvoyée au 2 décembre 2024, date à laquelle la partie civile sera de nouveau entendue.
Saliou Keita