Nommé à la tête d’un futur ministère américain de l’Efficacité gouvernementale, le patron américano-sud-africain de SpaceX va tenter de démanteler certains services de l’État fédéral, lui qui constate toujours les dégâts du manque d’investissement public sur son continent d’origine
Une pensée en vogue en Afrique indique qu’il faut confier le pouvoir aux richissimes qui, repus, ne seront plus tentés de détourner l’argent public. Les électeurs américains viennent non seulement d’offrir – à nouveau – l’accès à la Maison-Blanche à un milliardaire, mais également un double des clefs à un millionnaire. Le natif de Pretoria Elon Musk filait déjà, avec Donald Trump, une parfaite bromance faite d’idéologie libertarienne et de compassion pour les Blancs d’Afrique du Sud jugés maltraités.
L’homme le plus riche du monde – sud-africain, canadien et américain – intègre désormais formellement le premier cercle de l’ancien et prochain président des États-Unis. Après avoir bénéficié, dans sa campagne, de plus de 100 millions de dollars du patron de Tesla et SpaceX, Trump a annoncé confier à Musk un ministère inédit de l’« Efficacité gouvernementale », conjointement avec l’homme d’affaires Vivek Ramaswamy.
« Ondes de choc » promises
L’objectif serait de procéder à 2 000 milliards de dollars de coupes claires dans un budget du gouvernement fédéral qui s’établit entre 6 500 et 7 000 milliards. Le réseau X (ex-Twitter) racheté par le Sud-Africain devrait devenir une sorte de média gouvernemental où seront jetées en pâture les dépenses publiques « les plus terriblement stupides ».
Les États-Unis ont-ils trop fait ce que les États africains n’ont pas assez fait ? Le futur cogestionnaire du « Doge » (Department of Government Efficiency) est bien placé pour connaître les dégâts provoqués par le manque d’investissements publics. Il y a quelques jours, Starlink annonçait que le Niger deviendra le quinzième pays africain à autoriser la présence du fournisseur d’accès à internet par satellite. Depuis des mois, la société d’Elon Musk affirme vouloir combler les « zones blanches » africaines, territoires déficients en couverture numérique, du fait du manque d’investissements public dans les infrastructures. Quel que soit le débit considéré, l’accès à internet ne concerne actuellement que le tiers du sol nigérien.
Quelle leçon africaine pour Starlink ?
En observant ces défaillances publiques, Elon Musk n’en conclut-il pas qu’il faut préserver les services de l’État au lieu de les démanteler ? Peut-être considère-t-il que l’administration qui va l’employer a péché par excès inverse…
Le roi de l’espace ne devrait tout de même pas oublier que SpaceX n’a pu lancer son programme spatial privé et habité uniquement grâce aux bénéfices engrangés, à la suite de juteux contrats avec la Nasa et l’armée américaine. Il est vrai que les trumpistes ne sont pas une contradiction près. C’est ainsi que Musk, directeur général de Tesla, société automobile favorable à un parc majoritairement électrique, a sympathisé avec le président dont le programme énergétique se concentre sur l’augmentation de la production nationale d’hydrocarbures…
SOURCE/ JEUNE AFRIQUE