En marge de son Assemblée générale du 16 novembre 2024, le RPG Arc-en-ciel n’a pas mâché ses mots en dénonçant la stratégie adoptée par le gouvernement et le Conseil National de la Transition (CNT) pour vulgariser l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Pour l’ancien parti au pouvoir, la démarche se distingue par un cruel manque de transparence et l’absence flagrante des principales forces politiques du pays.
Depuis quelques jours, les parlementaires du CNT parcourent les régions pour présenter un texte encore au stade d’ébauche. Un empressement que Mohamed Lamine Kamissoko, ancien député du RPG, qualifie de « précipité ». « Comment peut-on promouvoir un avant-projet en le faisant passer pour un texte final alors que le peuple n’a même pas pu en prendre connaissance ? », s’indigne-t-il. Pour lui, ce processus s’apparente à une mascarade qui frôle l’irresponsabilité.
Ce flou persistant, exacerbé par le recours au terme « avant-projet » – qu’il n’hésite pas à appeler un simple « brouillon » – suscite l’ire de Kamissoko. Il critique ouvertement l’utilisation de fonds publics pour une opération qu’il considère prématurée et trompeuse. « Dépenser les ressources de l’État pour faire passer un texte non finalisé auprès des citoyens, c’est prendre le risque de les induire en erreur », lance-t-il, sévère.
Le manque de concertation avec les partis politiques vient également alimenter la méfiance du RPG. « Ni le peuple, ni les acteurs historiques du jeu politique ne semblent avoir leur mot à dire dans le projet du CNT », déplore l’ancien député. Une exclusion qu’il juge volontaire et symptomatique d’un mépris affiché pour l’histoire politique du pays.
S’appuyant sur le mémorandum des forces vives – qui regroupe des entités majeures comme le RPG, l’UFDG et l’UFR – Kamissoko réaffirme la volonté de ces partis à ne pas se laisser marginaliser. « Nous incarnons une part significative de l’électorat national. Nous ignorer dans ce processus, c’est non seulement une erreur stratégique, mais aussi une provocation manifeste », martèle-t-il.
La promotion de cet avant-projet cristallise ainsi les tensions entre le gouvernement et l’opposition, ravivant les fractures d’un climat politique déjà fragile et porteur de discorde. Une lutte de pouvoir se profile, avec en toile de fond un enjeu fondamental : l’avenir constitutionnel du pays.
Saliou Keita