En Guinée, le spectre d’une transition interminable plane, et Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), sonne l’alarme. Pour lui, les autorités de la transition ne visent pas un retour à l’ordre constitutionnel, mais orchestreraient une stratégie insidieuse pour prolonger leur mainmise sur le pouvoir, avec en ligne de mire une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya.
Le tableau dressé par Aliou Bah est sans équivoque : aucune action concrète ne laisse entrevoir la tenue des engagements pris par les autorités, notamment celui de rendre le pouvoir aux civils d’ici la fin de l’année. Pire, il accuse la junte de chercher à manipuler l’opinion à travers une promotion ciblée d’une nouvelle constitution, particulièrement dans les zones rurales, loin des projecteurs et des contre-pouvoirs.
« Que personne ne se laisse piéger par un faux débat sur la suprématie constitutionnelle face à la charte de la transition. La question n’est pas juridique, mais morale : un officier peut-il tenir sa parole ? », s’interroge-t-il avec fermeté.
L’indignation d’Aliou Bah repose sur un paradoxe qu’il qualifie d’inacceptable : « On ne peut dénoncer le non-respect des règles démocratiques pour justifier un coup d’État, puis reproduire les mêmes dérives. » Une critique cinglante qui met en lumière ce qu’il considère comme une dérive autoritaire déguisée en réformes démocratiques.
Le leader de MoDeL appelle les Guinéens à rester vigilants face à ce qu’il décrit comme une « propagande camouflée » autour d’un projet de constitution qu’il estime conçu pour servir des intérêts particuliers, et non ceux de la nation.
Alors que les débats autour de la transition s’enveniment et polarisent l’opinion publique, la Guinée semble à la croisée des chemins. La question est cruciale : cette transition sera-t-elle un tremplin pour un renouveau démocratique ou un prétexte pour pérenniser un pouvoir militarisé ?
Aliou Bah, dans son avertissement, place la responsabilité entre les mains des citoyens. Le sursaut démocratique, selon lui, ne pourra venir que d’un refus collectif d’accepter l’immobilisme et les subterfuges.
Aziz Camara