Dans la bataille pour diversifier les exportations minières en Guinée, l’exploitation des mines de fer dans ce pays d’Afrique de l’ouest a toujours suscité des combats épiques. Cet Etat côtier abrite non seulement d’immenses réserves de bauxite, les plus grandes du monde, mais également de ressources précieuses comme l’or, le diamant, etc.
Lorsqu’en juin 2012, les autorités ont annoncé à grandes pompes le lancement de la production de la petite mine de fer de Yomboeli (Forecariah) grâce un investissement de 300 millions USD réalisé par China International Fund (CIF), elles étaient loin de se douter des difficultés qui allaient jalonner le chemin devant mener au succès.
La mine de Yomboeli, avec des réserves de 40 millions de tonnes annoncées à l’époque, permettait une exploitation de 10 ans, au rythme de 4 millions de tonnes de fer par an, n’a pas atteint les objectifs souhaités.
Selon nos sources, la production elle-même a eu du mal à s’écouler sur le marché international, avec plusieurs milliers de tonnes bloquées pendant quelques temps en… Angola, pour des questions de qualité. L’exploitation s’est depuis poursuivie, mais de façon anecdotique.
Avant Yomboéli, trois gisements focalisaient l’attention des acteurs du secteur du fer et de l’acier : le Simandou, au sud-est de la Guinée, Kaliah, dans la préfecture de Faranah, au centre du pays, et le Mont Nimba à Lola et environs, à l’extrême sud-est.
Plusieurs années après, tous ces projets ont connu soit des difficultés dues aux hésitations ou à la mauvaise foi de certains opérateurs miniers (qui développent des mines ailleurs), soit des blocages créés par les autorités guinéennes.
Au cours du premier mandat de l’ex président Alpha Condé, des négociations autour du Simandou sud avaient buté sur la volonté de la Guinée d’exiger 51% des actions dans la société d’infrastructures que le géant Rio Tinto avait promis d’aménager. Le projet avait été un flop, puisque le pays, en dépit des promesses fusant de toutes parts, n’était pas en mesure de lever les fonds nécessaires (l’ensemble du projet, y compris l’aménagement des infrastructures, était estimé à 21 milliards USD) pour obtenir un tel niveau de participation.
C’est, en partie, cet échec et d’autres qui ont suivi dans les discussions avec Rio Tinto, qui a obligé le gouvernement guinéen de l’époque à changer son fusil d’épaule pour déclencher le processus qui a finalement abouti au désistement de Beny Steimetz dans l’affaire des blocs 1 et 2 (Simandou), permettant l’ouverture d’un appel d’offres remporté en 2019 par Winning Consortium Simandou (WCS), devant le géant australien Fortescue.
Ce projet est actuellement bloqué, suite à une décision unilatérale des autorités militaires d’exiger « 15% d’actions gratuites » dans les infrastructures initialement prévues en BOT (Build Operate and Transfer), sans doute encouragées par les déclarations irréalistes de l’actuel ministre de mines, Moussa Magassouba. Si les statuts de la nouvelle Compagnie du Transguinéen (CTG) sont signés, un accord autour du pacte d’actionnaires traîne toujours…
A côté, la compagnie WCS avait entamé des travaux de grande envergure pour son gisement du Simandou nord (avant la décision d’arrêt des travaux intervenue en mars puis en juillet), mais son désormais partenaire Rio Tinto-Simfer n’avait pas encore commencé à développer sa propre concession (Simandou sud).
Le projet de Kaliah n’a pas connu plus de réussite. Annoncé comme « concurrent » du Simandou, à cause d’énormes quantités de ressources (on parle même de plus de 2 milliards de tonnes), la qualité du minerai ne permettait pas d’être aligné sur le potentiel du Simandou (estimé en moyenne à 67% de teneur en fer). Aux dernières nouvelles, ce « espoir » s’est éteint, en attendant des jours meilleurs.
Du côté du Nimba, HPX (High Power Exploration) a pris le relais de BHP Billiton à SMFG (Société des mines de fer de Guinée), mais elle a connu toutes sortes de misères dans un passé récent. BHP a lui-même tenté de faire avancer le projet, en vain, pour de multiples raisons, et le fait que le Mont Nimba, eu égard à la diversité de sa faune et de sa flore, soit classé patrimoine mondial par l’Unesco, n’était pas la moindre difficulté.
Selon nos sources, dans le projet porté par HPX, il a fallu une implication de la Banque mondiale pour dissiper les soucis de Robert Friedland, quand le ministre Magassouba a servi une brusque mise en demeure à sa compagnie, avant de se rétracter, sous pression. Entretemps, le directeur général du projet, le Guinéen et ex Premier ministre, Mamady Youla, avait été limogé, en partie à cause de ses relations exécrables avec l’actuel ministre des mines…
Quoi qu’il en soit, l’histoire des mines de fer de Guinée reste encore au stade des promesses, à cause du manque d’implication de certains investisseurs (seul WCS a respecté tout son cahier de charges jusque-là), mais également par la faute de décisions populistes qui ont empêché la réalisation d’infrastructures stratégiques. Il faudra sans doute plus de lucidité pour permettre d’exporter les premières tonnes de ce minerai indispensable pour l’industrie de l’acier. Mais cela est une autre histoire…
(Source : Westaf Mining)