Le 25 novembre, jour symbolique de la lutte contre les violences faites aux femmes, a été marqué par une mobilisation intense au Palais du Peuple à Conakry. Cette date, instaurée par les Nations unies depuis 1993, a été l’occasion pour les femmes guinéennes de se rassembler et de dénoncer les violences dont elles sont victimes. À l’initiative de Mme Maimouna Yombouno, vice-présidente du Conseil national de la transition (CNT), et de nombreuses militantes, cet événement a réuni des voix fortes pour exiger un changement radical dans la lutte contre l’impunité.
Parmi ces voix, celle de Hadja Mariame Sylla, ancienne ministre des Affaires sociales, de la Femme et de la Famille, résonne avec force. Militante engagée, elle a mis en lumière les horreurs que vivent les femmes guinéennes, en particulier les mutilations génitales féminines et les mariages précoces, des pratiques qui continuent de frapper lourdement, faisant de la Guinée l’un des pires élèves de la région. Mais, selon elle, un autre fléau prend aujourd’hui de l’ampleur : « Nous vivons un autre phénomène encore plus dévastateur, celui des viols et des assassinats de jeunes filles », déplore-t-elle, visiblement écœurée.
Son appel se fait écho de l’atroce massacre du 28 septembre 2009, où plus d’une centaine de femmes avaient été violées lors des violences à Conakry. Quatre mois après le verdict du procès des responsables de ces crimes contre l’humanité, Hadja Mariame Sylla interpelle vivement les autorités guinéennes et l’ensemble du corps social. « La violence ne doit plus être tolérée, peu importe son visage. Il est temps de changer de paradigme », martèle-t-elle, appelant aussi bien le gouvernement que les leaders religieux à un engagement total.
À ses côtés, Mme Maimouna Yombouno, elle-même victime de violences, a lancé un appel à l’unité des femmes guinéennes. « J’invite celles qui occupent des postes de responsabilité à ne pas rester dans le confort. L’accès à ces positions est un privilège, mais c’est aussi un devoir d’utiliser ce pouvoir pour défendre les autres », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité d’une solidarité active entre femmes pour faire face à cette urgence sociétale. Pour elle, il ne s’agit pas seulement de porter des discours, mais de « se rendre utile à la société ».
Ainsi, du 25 novembre au 14 décembre, la Guinée se mobilise, dans un élan de solidarité et de détermination, pour dire non aux violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Un engagement fort à un moment crucial, qui résonne non seulement comme un appel à la conscience collective, mais aussi comme un cri d’espoir pour un avenir où les femmes ne seront plus jamais les victimes silencieuses d’un système qui tolère l’impunité.
Algassimou L Diallo