Lors d’une conférence de presse tenue à la CRIEF, les avocats de l’ancien Premier ministre guinéen, Dr Ibrahima Kassory Fofana, ont dénoncé des manœuvres judiciaires qu’ils jugent « politiques ». Entre accusations d’acharnement et appel à une justice impartiale, ils réclament la récusation du juge en charge de l’affaire et pointent des incohérences dans la gestion du dossier.
Des accusations d’acharnement judiciaire
Les avocats, Me Dinah Sampil et Me Sidiki Bérété, ont vivement critiqué l’absence de preuves tangibles dans ce dossier. Selon eux, les poursuites à l’encontre de Kassory Fofana relèvent davantage d’un élan politique que d’une volonté de justice impartiale. « Il s’agit clairement d’un acharnement politique pour empêcher notre client de poursuivre ses activités électorales », a affirmé Me Sampil.
Me Bérété a ajouté que les irrégularités dans la gestion de cette affaire traduisent un mépris flagrant des droits fondamentaux de l’ancien chef du gouvernement. Il a également rejeté les allégations liant Kassory Fofana à des « affinités » supposées avec le juge Yagouba Conté, qualifiant cet argument de « tactique dilatoire ».
La procédure de récusation en question
Lors de son intervention, Me Sampil a mis en exergue le caractère légitime de la procédure de récusation, tout en critiquant son usage abusif dans ce contexte. « Le droit de récusation existe pour garantir une procédure équitable, mais il ne doit pas devenir un outil de blocage. Permettre à Kassory de recevoir des soins ne préjuge pas du fond du dossier. Pourquoi lui refuser ce droit légitime ? », a-t-elle questionné.
Des contradictions dans l’administration judiciaire
Me Sampil a également pointé les incohérences dans la gestion de l’affaire par le procureur spécial. « Si le parquet affirme vouloir accélérer la procédure, pourquoi ne pas organiser l’audience rapidement ? On ne peut pas prétendre être pressé tout en retardant la progression du dossier », a-t-elle déclaré.
Des accusations de dérive politique
Les avocats ont insisté sur le caractère politique de l’affaire. Me Bérété a souligné que les 15 milliards de francs guinéens réclamés à leur client représentent des fonds de l’Agence Nationale d’Inclusion Économique et Sociale (ANIES) et que cette accusation vise à écarter Kassory Fofana de la scène politique. « C’est une tentative d’élimination politique par le biais judiciaire », a-t-il affirmé.
Un appel à une justice impartiale
En conclusion, Me Sampil a dénoncé le manque d’indépendance de la justice guinéenne, comparant la situation à celle du Sénégal, où certains juges ont résisté aux pressions politiques. « En Guinée, aucun magistrat ne semble avoir osé défier les ordres des autorités. Une justice sous influence est une justice dangereuse », a-t-elle conclu, appelant à une réforme urgente du système judiciaire.
Amadou Diallo