Le dialogue, cette pierre angulaire supposée de la démocratie et de la paix sociale, semble être devenu un outil de manipulation en Guinée. Chaque crise voit renaître les appels au dialogue de la part des dirigeants, mais derrière ces déclarations se cache une stratégie bien rodée : gagner du temps, disperser les critiques, et maintenir un statu quo qui sert leurs intérêts. Le « dialogue » en Guinée n’est pas un outil de résolution des conflits, mais un subterfuge.
Les autorités, à chaque crise, s’empressent de tendre la main, promettant de rassembler les forces vives de la nation. Mais le peuple guinéen, après des années de promesses non tenues, ne se laisse plus berner. Ces échanges prétendument ouverts et inclusifs ne sont qu’un spectacle. Les agendas établis, les débats engagés, tout cela s’achève invariablement dans une impasse soigneusement entretenue par ceux qui tiennent les rênes.
Le véritable obstacle à un dialogue sincère, ce sont les structures de pouvoir en place. Depuis l’avènement du CNRD et la mise en place de la Charte de la transition, le pouvoir est concentré entre les mains d’une élite militaire tout-puissante. Le Premier ministre, censé être un acteur central du dialogue, se révèle n’être qu’un relais des décisions prises en haut lieu. « Le gouvernement n’est qu’un simple exécutant, totalement soumis aux volontés du CNRD », dénonce Souleymane Souza Konaté, membre de l’opposition.
Cette dynamique rend le dialogue impossible. Comment croire à la sincérité d’un Premier ministre qui soutient sans faille un régime accusé de violations des droits humains et de répression des libertés fondamentales ? Les dialogues proposés ne sont que des simulacres, des jeux de dupes où les règles sont fixées pour garantir que rien ne change.
Face à cette impasse, l’opposition appelle à une transition claire, immédiate et civile, sous l’égide d’une médiation internationale impartiale. Une transition qui implique toutes les forces vives de la nation et qui ouvre la voie à des élections libres et transparentes. Mais le pouvoir en place ferme systématiquement la porte à ces revendications, préférant multiplier les promesses vides et alimenter les divisions pour rester maître du jeu.
Ce jeu dangereux accroît la méfiance du peuple envers ses institutions. Lassés des discours creux et des illusions, les citoyens exigent des actes concrets. La promesse de l’opposition d’intensifier la mobilisation dès le 1er janvier sonne comme un avertissement. « Ce n’est pas une menace en l’air, mais une réaction à l’inflexibilité du gouvernement », prévient un conseiller de Cellou Dalein Diallo.
Le chemin vers un véritable dialogue reste étroit. Il nécessite une volonté réelle de construire ensemble, de respecter les droits humains et de répondre aux aspirations du peuple. Jusqu’ici, rien n’indique que le pouvoir en place ait la moindre intention d’emprunter cette voie.
Le peuple guinéen, lui, doit rester vigilant et refuser les mascarades répétées. Gouverner, ce n’est pas jouer. Et la Guinée ne peut plus se permettre de perdre du temps dans des dialogues stériles. Il est temps de construire un avenir sur des bases solides, loin des manipulations et des promesses non tenues.
Algassimou L Diallo