Cadre de dialogue, procès de massacre du 28 septembre 2009, interdiction de Fodé Oussou de sortir du pays et retour de Cellou Dalein Diallo en Guinée… Dans un entretien accordé à lindependant.org le lundi 19 décembre 2022, l’un des responsables de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) et ex député uninominal de Labé, Cellou Baldé, a abordé plusieurs questions d’actualité nationale.
Indépendant.org : La plénière du cadre de dialogue a pris fin ce 15 décembre à Conakry. En attendant les recommandations ou les grandes conclusions, que faudrait-il réellement pour un retour à l’ordre constitutionnel en guinée ?
Cellou Baldé : Je crois que l’instance sous-régionale qui accompagne la Guinée dans ce processus de la transition politique a donné un certain nombre de signaux. Ils ont réitéré que le dialogue tant attendu ne s’est pas encore tenu en République de Guinée et, lors de leur dernier sommet, ils ont recommandé à ce qu’un dialogue inclusif soit tenu, en faisant en sorte que les principaux leaders de la classe politique guinéenne soient associés au processus. Il ont même dit que pour des questions d’organisation pratique et de sécurité, s’il n’y avait pas de possibilité de tenir ça de façon sereine en Guinée, ils étaient prêt à faire abriter ça par une capitale sous-régionale. Donc cela est suffisamment éloquent pour dire que ce Dialogue qui a été annoncé par le gouvernement et par les facilitatrices n’en est pas un. Nous attendons les réactions positives du gouvernement et du CNRD pour faire en sorte que la crise guinéenne soit résorbée et qu’enfin un véritable dialogue pour retour à l’ordre constitutionnel soit tenu, avec les force vives de la nation conformément à l’article 77 de la charte et aux recommandations de la CEDEAO.
Lindependant.org : L’ancien président Alpha Condé pourrait être inquiété par la justice guinéenne avec la dernière annonce du ministre Charles Wright. Pensez-vous qu’il peut être extradé en Guinée ?
Cellou Baldé : On attend de voir tout ça parce que depuis la chute d’Alpha Condé, on a entendu beaucoup d’annonce. Nous avions eu connaissance d’une liste d’une centaine de personnes qu’on disait passibles de poursuites judiciaires pour crimes de sang, jusqu’à présent nous n’avons rien vu. Il y a beaucoup d’annonces faites par le ministre de la justice Charles Wright. Chaque jour que Dieu fait, il fait des annonces par rapport à des poursuites contre des citoyens guinéens et donc nous attendons de voir. En tout cas, tout ce qui entoure cette démarche autour du professeur Alpha Condé…
Lindependant.org : Quelle leçon tirez-vous du procès du 28 septembre qui voit comparaitre l’ancien président de la transition entre 2008 et 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara ?
Cellou Baldé : Il est trop tôt de tirer des leçons par rapport à ce massacre de 28 septembre. Au sujet de ce procès qui ne vient que de débuter, nous n’en sommes qu’aux interrogatoires de premier niveau. Ce qu’il faut retenir, c’est que c’est quand même un acte à saluer ; il est remarquable de constater ce procès se tient enfin sur le territoire Guinéen et que la majorité des présumés coupables sont déjà à la barre notamment le capitaine Dadis, le Claude Pivi, Toumba Diakité, le colonel Cherif Diaby et tant d’autres personnes… Mais ce qu’il faut dire déjà, c’est qu’il y a beaucoup de personnes qui ont été citées dans cette affaire-là et qui occupaient des positions hautement stratégiques au moment des faits. Il y a notamment le ministre de la défense à l’époque le Général Sékouba Konaté, je vais parler des conseillers de Dadis à l’époque qui ont quand même fait des communications, qui ont été enregistrées en tout cas sur France24. Je veux parler du conseiller spécial qu’il avait à l’époque Idrissa Cherif. Il y a le fameux Moussa Keita qui disait « Dadis ou la mort ». Il y a plein de personnalités aussi bien des militaires et de civils qui occupaient des positions hautement stratégiques qui doivent comparaitre dans les conditions normales et qui sont citées au niveau de la barre pour la manifestation de la vérité.
Ce qu’il faut souligner en revanche, en tant qu’acteur politique ; au vu de ce qui se déroule au niveau de ce tribunal-là, c’est de dire à l’opinion que ce n’est pas un procès par rapport à un complot, ce n’est pas un procès par rapport à la manière dont un pouvoir a été pris ou il a été mis fin à un pouvoir, mais plutôt procès qui concerne les massacres dans un stade fermé, le 28 septembre 2009.
Lindependant.org : Fodé Oussou s’est vu une fois encore, interdire de sortir du territoire ce samedi, 17 décembre. Quelle est votre réaction ?
Cellou Baldé : Vous savez que nous tous nous subissions ces restrictions de liberté. Moi, je suis également comme Fodé Oussou, comme Diabaty Doré, comme Etienne Soropogui, nous sommes sous contrôle judiciaire pour des raisons qui n’en valent pas la peine, c’est une manière de restreindre nos libertés, nous sommes en moitié en prison.
Aujourd’hui nous ne pouvons même pas sortir de Conakry pour aller à Coyah où à la T10 sans autorisation préalable, nous ne pouvons pas aller à l’extérieur. Moi qui vous parle-là, j’ai introduit une demande en bonne et due forme parce que j’ai des soins à faire à l’étranger j’ai ma famille qui est là-bas mes enfants qui sont malades, jusqu’à présent je n’ai reçu aucune autorisation depuis deux mois. Cela est extrêmement grave ; c’est une atteinte grave aux libertés.
Fodé Oussou a fait les démarches nécessaires, il a obtenu une autorisation de sortir du territoire en bonne et due forme, son passeport lui a été rendu par la greffière en chef du tribunal de première instance de Dixinn et aujourd’hui nous sommes quand même surpris qu’il soit bloqué au niveau de l’aéroport international. Cela veut dire qu’il y a totalement incohérence dans la gestion des affaires publiques.
Lindépendant.org : A quand le retour de Cellou Dalein Diallo en Guinée ?
Cellou Baldé : Je crois que c’est une question fondamentale qui est sur toutes les lèvres. Aujourd’hui, je crois que la question doit être posé à la junte militaire qui engage des poursuites partout, parfois sur des bases non fondées. Vous avez suivi tout qui a été fait par les avocats de l’UFDG pour parler de fameux dossier Air Guinée qui déjà a été frappé de prescription. On est allé réveillé le dossier pour tenter lui coller cela. Son domicile a été détruit alors que le dossier était pendant devant les juridictions, sans aucune décision de justice. Bref, je crois que cette question-là doit être adressée au CNRD (Comité national du redressement pour le développement) et au gouvernement.
Propos recueillis par Alpha Amadou Diallo