Alors que la transition met en avant son avant-projet de Constitution censé garantir les droits fondamentaux des citoyens, l’arrestation controversée du leader politique Aliou Bah suscite un tollé. Mohamed Traoré, conseiller au CNT, dénonce une violation manifeste des libertés et pointe des incohérences inquiétantes entre les principes proclamés et les actes posés.
L’arrestation d’Aliou Bah, leader du parti MoDeL, est au cœur de cette polémique. Pour Mohamed Traoré, cette interpellation constitue une violation manifeste des ambitions affichées par la transition.
« Pendant qu’on dépense des milliards pour vulgariser l’avant-projet de la nouvelle Constitution, les actions posées vont à l’encontre des principes qu’il prône, notamment en matière de droits et libertés des citoyens », déplore Mohamed Traoré.
Le conseiller national rappelle que l’article 14, alinéas 1 et 2, de l’avant-projet garantit explicitement la liberté de circulation des citoyens :
« La loi garantit à tout citoyen le droit de circuler et de s’établir librement sur toute l’étendue du territoire national. Tout citoyen est libre d’entrer et de sortir du territoire national, sans entraves. Toute restriction à cette liberté ne peut être prononcée que par le juge pour des raisons déterminées par la loi et dans les formes qu’elle prescrit. »
Il cite également l’article 18 de la Charte de la Transition, tout aussi explicite sur la question :
« Tout citoyen a le droit de circuler librement à l’intérieur du territoire national, d’en sortir, d’y revenir et de s’y installer temporairement ou durablement. Il ne peut être porté atteinte à ces droits que dans les conditions définies par la loi. »
« Respecter les textes, pas seulement les écrire »
Pour l’avocat, cette liberté fondamentale, consacrée depuis 1990, ne devrait plus être remise en question. « Certains agissements montrent que consacrer des droits dans des textes ne suffit pas. Encore faut-il y croire, les intégrer et surtout les respecter », souligne Mohamed Traoré.
Il interpelle les autorités de la transition, affirmant que « proclamer des principes sans s’engager à les respecter est inacceptable ». Selon lui, de telles contradictions risquent de décrédibiliser les efforts pour instaurer un véritable État de droit en Guinée.
L’affaire de l’arrestation d’Aliou Bah met en lumière les défis auxquels la transition est confrontée : concilier la promotion d’une nouvelle Constitution ambitieuse avec des pratiques qui, aux yeux de certains, en contredisent les fondements.
Aziz Camara