Conakry, 15 janvier 2024 – Dans un geste fort et significatif, les Forces vives de Guinée ont appelé à un retrait immédiat de leurs représentants du Conseil national de la transition (CNT). Un acte qui illustre leur exaspération face à la fin d’une période de transition qu’elles estiment dépassée, marquant ainsi une opposition claire à la poursuite des travaux sous le mandat expiré du CNT.
Le compte à rebours des 24 mois, fixé par les conseillers nationaux et accepté par la CEDEAO, est officiellement échu selon les Forces vives. Cette expiration pose la question cruciale de la légitimité actuelle du CNT et de son utilité pour une transition démocratique que beaucoup jugent aujourd’hui au point mort.
Avec ses 81 membres, le CNT ne compte que 15 représentants de la classe politique, parmi lesquels seuls quatre sont issus des Forces vives. Ces figures, Mamadou Fadia Baldé de l’UFDG, Sayon Mara du RPG arc-en-ciel, et Ahmed Tidiane Sylla de l’UFR, incarnent une minorité au sein d’une institution déjà contestée. Les onze autres sièges sont occupés par des partis non affiliés aux Forces vives, établissant ainsi une équation politique déséquilibrée et propice à la discorde.
Ce retrait annoncé est loin d’être une simple formalité ; il traduit une fracture profonde au sein de l’échiquier politique guinéen. Les Forces vives, par cet acte, dénoncent non seulement la fin de la transition telle qu’elle était convenue, mais également la légitimité contestée du CNT pour continuer à piloter les affaires du pays.
Ce bras de fer politique reflète une tension grandissante, où le dialogue semble être remplacé par des positions de plus en plus rigides. En insistant sur le retrait de leurs membres, les Forces vives envoient un message clair : la transition ne peut être prolongée indéfiniment sous couvert de stabilité. Elles rappellent ainsi l’urgence d’une révision du processus pour redonner aux institutions leur crédibilité et à la transition sa vocation initiale.
Le paysage politique de la Guinée, déjà complexe, entre ainsi dans une nouvelle ère d’incertitudes. L’appel au retrait des Forces vives marque peut-être le début d’une recomposition nécessaire mais douloureuse de la scène politique, où les enjeux de la légitimité et de la souveraineté populaire sont plus que jamais au cœur du débat.
Amadou Diallo