Les récentes déclarations des Forces Vives de Guinée (FVG), réclamant le retrait immédiat de leurs représentants des organes de la transition et leur non-reconnaissance de la junte depuis le 31 décembre, n’ont pas tardé à raviver les fractures au sein de la classe politique guinéenne. Tandis que certains jugent cette position comme un moyen de pression légitime sur le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), d’autres, tel Pépé Francis Haba, président de l’Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement (UGDD), dénoncent une démarche dénuée de fondement et d’opportunité.
Dans une déclaration acerbe, Haba remet en question la légitimité des FVG à exiger la démission du CNRD. Selon lui, ce groupe, désormais largement marginalisé, « n’a aucune légitimité pour imposer un départ du CNRD et de son gouvernement ». Il déplore l’éloignement de nombreux acteurs politiques et sociaux, qui ont quitté les rangs des FVG en raison de leurs pratiques jugées peu républicaines. Il juge ainsi incohérent que ce même groupe se pose aujourd’hui en champion de telles revendications.
Le leader de l’UGDD plaide, quant à lui, pour une autre voie. Il appelle à un dialogue inclusif, estimant que la solution à la crise actuelle ne réside pas dans l’exclusion, mais dans la concertation. « Seule la discussion ouverte et honnête permettra de trouver des solutions concrètes pour sortir de cette transition », insiste-t-il.
Face aux défis économiques et sociaux qui secouent le pays, Pépé Francis Haba souligne que la majorité des forces politiques et sociales œuvrent déjà, pour leur part, à une collaboration constructive avec les institutions de la transition, tout en plaidant pour un dialogue sincère. « Aujourd’hui, l’essentiel des acteurs responsables réclament un chronogramme réaliste pour un retour à l’ordre constitutionnel. Cette approche est la plus à même de servir les intérêts de notre nation », conclut-il.
Cette déclaration marque une nouvelle étape dans la fracture au sein de la classe politique guinéenne, où les divergences sur la gestion de la transition ne cessent de se creuser. Les débats sur l’avenir politique du pays, déjà clivants, semblent prendre une tournure de plus en plus polarisée, laissant la question de l’unité nationale plus que jamais en suspens.
Saliou Keita