Lors de la récente marche pour l’unité et la paix à Kankan, le général Amara Camara, secrétaire général à la présidence, a livré une déclaration qui résonne comme un cri du cœur face aux manipulations politiques qui ont laissé des cicatrices profondes sur la Haute-Guinée. C’est un constat amer qu’il a dressé : cette région, comme le reste du pays, a payé un lourd tribut aux divisions politiques qui, au lieu d’unir, ont déchiré et appauvri la Guinée.
Le général n’a pas mâché ses mots en dénonçant ce qu’il a appelé « mensonges et instrumentalisations » à l’égard des populations locales, victimes d’une politique de promesses non tenues et de manipulations cyniques. Les années de luttes et de sacrifices, dit-il, ont conduit à rien d’autre que honte et déception. « Trop de larmes ont été versées pour rien », a-t-il lancé, une phrase qui traduit le désarroi de millions de Guinéens, fatigués de voir leurs espoirs écrasés sous le poids des promesses politiques vaines.
Ce discours poignant, en pleine période de tensions et d’incertitudes sur l’avenir politique du pays, n’est pas seulement un appel à la réconciliation ; il incarne aussi une forme de prise de conscience collective nécessaire pour guérir des plaies laissées par des décennies de luttes fratricides. Le général Camara a incité la population de Kankan à se détacher des vieilles allégeances politiques pour adopter une vision nouvelle, portée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
Mais au-delà du discours, il y a une question fondamentale : le pays peut-il vraiment tourner la page des divisions partisanes pour privilégier l’unité nationale ? La Guinée, meurtrie par des luttes internes et un passé de désillusion, a-t-elle encore les moyens de surmonter ses clivages pour construire un avenir commun ? Le général Camara appelle à un retour à la raison, à la vérité, et à une Guinée placée au-dessus des intérêts partisans. Pourtant, la réconciliation et l’unité nécessitent plus que des mots ; elles exigent des actions concrètes, une véritable volonté de dépasser les rancœurs et de travailler ensemble pour le bien-être collectif.
Le président de la République, symbolisant cette vision unitaire, se retrouve au cœur d’un défi de taille : redonner confiance aux Guinéens et prouver que l’intérêt du pays prime sur les intérêts individuels. Les paroles du général Camara marquent-elles le début d’une nouvelle ère pour la Guinée, ou restent-elles un vœu pieu dans un contexte politique encore fracturé ?
À Kankan, comme ailleurs, la question est lancée. Le chemin de l’unité est semé d’embûches, mais peut-être est-il temps de faire un dernier pas, ensemble.
Mohamed Traoré