Le 5 février 2025, le gouvernement lancera une immersion d’un mois à travers les régions du pays, présentée comme un exercice de proximité avec les populations. Mais qui peut encore croire à cette mise en scène ?
L’opposition, notamment l’UFDG, dénonce une manœuvre électorale dissimulée sous des atours institutionnels. « Une campagne déguisée » en faveur de Mamadi Doumbouya, critique Souleymane Souza Konaté, conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo, rappelant les immersions passées, dont celle du tristement célèbre camp Kaleah.
Une répétition de l’histoire, effectivement. Hier, Dadis Camara, aujourd’hui Mamadi Doumbouya, tous empruntent la même voie : instrumentalisation des ressources publiques, spectacles populistes et confiscation progressive du pouvoir. Pendant que la pauvreté explose et que des milliers de jeunes fuient le pays, l’argent du contribuable finance une opération de séduction politique. Le régime ne prétend-il pas pourtant être garant d’une transition juste et inclusive ?
Le parallèle avec le passé est troublant. La « marche de l’unité et de la paix » à Kankan, où élèves et fonctionnaires ont été mobilisés de force, rappelle les campagnes du CNDD en 2009. Mêmes méthodes, mêmes ambitions : faire de l’appareil d’État un outil au service d’un seul homme.
Face aux critiques, le général Amara Camara tente de justifier l’initiative : « La candidature du président Mamadi Doumbouya est la seule alternative pour garantir le rassemblement des Guinéens et maintenir l’élan du développement. » Un propos qui sonne comme une confirmation des craintes de l’opposition.
Une transition doit rétablir la démocratie, pas préparer un règne. Or, à mesure que le calendrier avance, la neutralité promise par le pouvoir s’effrite sous les coups de boutoir d’une ambition personnelle évidente. Cette immersion ne convaincra personne. Au contraire, elle risque d’enfoncer encore davantage le pays dans l’impasse politique.
Les Guinéens veulent des élections transparentes, pas une mise en scène d’un pouvoir qui cherche à se perpétuer.
Saliou Keita