En revisitant l’élection présidentielle de 2020, le Premier ministre Bah Oury ne mâche pas ses mots : ce scrutin controversé, qui a offert à Alpha Condé un troisième mandat contesté, a été un « suicide politique » pour tous ceux qui y ont pris part. Son discours, prononcé lors d’une rencontre avec les jeunes de l’Axe, résonne comme une véritable mise en garde rétrospective.
« J’avais prévenu : quiconque participerait au processus politique de 2020 – référendum, législatives ou présidentielle – se condamnerait lui-même politiquement. Oui ou non ? » a-t-il interrogé son auditoire, comme pour rappeler que l’histoire lui a donné raison. Car, selon lui, dès cette période, tous les indicateurs désignaient une inévitable transition politique. « Certains me prenaient pour un fou. Pourtant, le 5 septembre 2021 a été la consécration de cette prémonition, avec un coup d’État que personne n’attendait. »
Cette affirmation traduit une lecture critique du jeu politique guinéen, où le rapport de force s’impose toujours comme l’ultime arbitre. Pour Bah Oury, la chute d’Alpha Condé et l’avènement du CNRD étaient inscrits dans la logique d’un système à bout de souffle. Et loin de s’en tenir à un simple constat, il entrevoit dans la junte actuelle une opportunité de changement : « Nous nous sommes battus pour ces transformations, et avec l’aide de Dieu, l’avenir sera encore plus radieux. »
Mais au-delà des paroles, cette vision optimiste doit s’inscrire dans une dynamique de réformes réelles et profondes. Car si l’histoire a validé certaines prédictions, elle enseigne aussi que l’espoir suscité par un renversement de pouvoir ne suffit pas à garantir un futur meilleur. Le peuple guinéen, qui a tant souffert des manœuvres politiques et des trahisons, attend des actes concrets. Et là réside tout l’enjeu de cette transition : dépasser les discours et inscrire le changement dans les faits.
Alpha Amadou Diallo