En Guinée, l’accès aux documents officiels a toujours été un parcours du combattant, souvent semé d’embûches administratives et financières. Mais cette fois, surprise : un décret présidentiel, publié ce dimanche 2 février 2025, annonce la gratuité de la carte nationale d’identité biométrique pour toute première demande. Un geste fort, à première vue. Mais à y regarder de plus près, plusieurs questions se posent.
D’abord, cette mesure répond-elle à une volonté sincère de faciliter l’accès aux papiers d’identité ou s’agit-il d’une manœuvre politique habile ? La carte d’identité est un document clé pour de nombreux services : vote, emploi, déplacements… La rendre gratuite pourrait être perçu comme un effort en faveur des citoyens les plus démunis, souvent freinés par les coûts administratifs. Mais dans un pays où les décisions gouvernementales peinent à se traduire concrètement sur le terrain, la prudence est de mise.
Ensuite, qu’en est-il des modalités d’application ? Le décret renvoie à un arrêté conjoint de plusieurs ministères, une complexité bureaucratique qui laisse craindre des lenteurs et des interprétations diverses. Qui en bénéficiera réellement ? Comment éviter les détournements et la corruption, fléaux bien connus de notre administration ?
Enfin, cette gratuité sera-t-elle durable ou n’est-ce qu’une mesure ponctuelle destinée à séduire l’opinion publique ? L’expérience nous a appris que certaines annonces, aussi prometteuses soient-elles, se heurtent rapidement à la réalité des caisses de l’État et des pratiques administratives opaques.
En attendant des précisions sur la mise en œuvre de cette réforme, une chose est sûre : si cette gratuité est réelle et effective, elle marquera un tournant important dans la simplification des démarches administratives en Guinée. Mais si elle reste un simple effet d’annonce, elle rejoindra la longue liste des promesses oubliées.
Alpha Amadou Diallo