L’annonce du gouvernement sur la gratuité des cartes d’identité biométriques suscite des réactions mitigées à Conakry. Entre satisfaction et scepticisme, les citoyens s’interrogent sur l’applicabilité réelle de cette mesure.
Un soulagement pour certains
Pour de nombreux citoyens, cette décision représente une opportunité inespérée, notamment pour les populations les plus démunies. C’est le cas de Madame Hélène Simankan, qui exprime sa satisfaction :
« Moi, je trouve que c’est une bonne chose, surtout pour nos parents en milieu rural. Beaucoup de personnes, notamment des enfants et des pauvres, n’avaient pas accès à ces cartes. Maintenant que le président nous donne cette opportunité gratuitement, il faut en profiter. C’est vraiment génial. »
Un risque de désordre pour d’autres
D’autres, en revanche, redoutent un engorgement administratif et une désorganisation des services publics. Catherine Lamah estime que le gouvernement aurait dû opter pour une baisse du prix plutôt que pour une gratuité totale.
« La gratuité, c’est bien, mais cela va créer de la pagaille. Il aurait fallu juste réduire le prix pour éviter un afflux massif dans les mairies. Déjà, les procédures sont lentes. Moi, par exemple, j’ai attendu trois mois pour obtenir mon extrait de naissance et cinq mois pour ma carte d’identité, malgré un paiement de 160 000 GNF. Alors si maintenant c’est gratuit, je crains que ce soit encore plus compliqué. »
Un processus encore flou
Face aux interrogations, le chargé de communication de la mairie de Ratoma, M. Zézé Guillavoqui, appelle à la patience, soulignant qu’un décret présidentiel devra préciser les modalités d’application de cette mesure.
« Le président doit encore prendre un décret pour encadrer l’obtention de ces cartes. C’était un véritable calvaire pour la population, donc si cela permet d’améliorer le système, c’est une bonne chose. Beaucoup de citoyens n’avaient pas accès à la carte d’identité en raison de son coût élevé, et cette gratuité va dans l’intérêt du peuple. »
Une réforme à hauts risques
En Guinée, obtenir une pièce d’identité biométrique relève souvent du parcours du combattant, avec des délais interminables et des lourdeurs administratives. Reste à voir si cette réforme allégera réellement les démarches ou si elle plongera les services d’état civil dans un chaos encore plus grand.
Fatimatou Diallo