C’était censé être le début de la fin. Ce lundi 10 février 2025, la Chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) devait entamer la phase des plaidoiries et réquisitions dans le dossier Oyé Guilavogui. Mais comme dans un scénario de série judiciaire à rebondissements, un élément inattendu est venu bouleverser la donne : de nouvelles charges accablantes ont été dévoilées contre l’ex-ministre de l’Environnement.
À l’origine, Oyé Guilavogui était soupçonné d’un détournement présumé de 50 millions de dollars prévus pour la relance de la Sotelgui. Mais patatras ! Le juge Yacouba Conté, fraîchement installé à la tête de la Cour recomposée, a décidé de rouvrir les débats et d’élargir le spectre des accusations. Les chiffres avancés donnent le vertige :
- 300 millions de dollars pour le projet Backbone ;
- 50 millions de dollars destinés à la relance de la Sotelgui ;
- 94 milliards 015 millions 287 mille 666 francs guinéens pour l’exercice budgétaire 2020 ;
- 17 milliards 934 millions 688 mille 265 francs pour l’exercice 2021 ;
- 10 milliards de francs pour un projet de reboisement.
Désormais, ce n’est plus une affaire de détournement isolé, mais un véritable gouffre financier que la CRIEF tente d’explorer.
Face à ces révélations, la Cour ne compte pas en rester là. Le substitut du procureur a demandé une semaine supplémentaire pour vérifier les rapports d’audit des projets Sotelgui et Backbone. Me Pépé Antoine Lamah, avocat de l’État, a exigé une inspection complète de la gestion du ministère de l’Environnement en 2021 et la comparution d’un représentant de Huawei pour faire la lumière sur certains points obscurs du dossier. Requêtes acceptées par le juge, qui a ordonné à l’Inspection générale d’État de passer au peigne fin la gestion ministérielle sous Oyé Guilavogui.
Du côté de la défense, Me Salifou Beavogui tente de freiner l’orage. Son client, selon lui, est actuellement hospitalisé en Tunisie et ne peut assister aux audiences. « Mon client est absent pour des raisons de santé. Nous demandons le renvoi de l’affaire afin qu’il puisse se défendre en personne », plaide-t-il. Une requête balayée d’un revers de main par le juge Yacouba Conté : « Vous pouvez assister votre client, mais non le représenter. Vous n’avez pas droit à la parole en son absence », tranche-t-il, avant d’ajourner l’audience au 5 mars prochain.
Une affaire loin d’avoir livré tous ses secrets… À suivre !
Algassimou L Diallo