À Conakry, les vieilles habitudes ont la peau dure, mais la CRIEF semble décidée à crever l’abcès. Ce lundi 10 février 2025, la Chambre Spéciale de Jugement a lancé un pavé dans la mare en ordonnant l’identification des biens de l’ancien ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Dr. Ibrahima Kourouma, ainsi que de son ancien Directeur administratif et financier, Mohamed V. Sankhon.
Les deux hommes, poursuivis pour le détournement présumé de la coquette somme de 612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars, ont beau clamer leur innocence, la machine judiciaire s’emballe. Désormais, ce ne sont plus seulement leurs comptes et leurs biens qui sont scrutés, mais aussi ceux de leurs épouses et enfants. Une décision qui marque une nouvelle étape dans ce dossier explosif.
C’est le Ministère Public, soutenu par la partie civile, qui a mis la pression : pour lui, impossible de juger cette affaire sans mettre à nu l’étendue du patrimoine des prévenus. Le juge Yakhouba Conté leur a donné raison et a fixé un délai de deux semaines pour dresser l’état des lieux. Une exigence qui ajoute un nouveau chapitre à une saga judiciaire aux multiples rebondissements.
Mais dans ce dossier, chacun campe sur ses positions. Les avocats de la Défense, visiblement excédés, crient au procès à charge et dénoncent une justice sous influence. Selon eux, la Cour ne ferait que suivre les desiderata du Ministère Public, au détriment des droits de leurs clients.
L’étau se resserre donc autour des anciens hauts fonctionnaires, et l’audience du 26 mars 2025 s’annonce déjà comme un nouvel acte de ce feuilleton politico-judiciaire. Reste à savoir si cette chasse aux biens conduira à une véritable épuration ou si elle finira, comme tant d’autres, dans les méandres des compromis.
Alpha Amadou Diallo