Les grandes manœuvres ont commencé. À un peu plus d’un an de l’élection présidentielle en Guinée, des tractations souterraines s’intensifient, laissant planer le spectre d’une candidature de substitution. Une tactique bien rodée qui consiste à préparer un plan B en cas d’empêchement du général Mamadi Doumbouya à briguer le pouvoir.
C’est le vice-président de l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD), Dr Édouard Zoutomou Kpogomou, qui a levé un coin du voile sur ces négociations en coulisses. Selon lui, si Doumbouya ne pouvait se présenter, un autre candidat serait adoubé en échange d’un soutien post-électoral à une autre figure politique. Parmi les noms qui circulent, celui de Mohamed Touré, fraîchement revenu des États-Unis, apparaît avec insistance. Une opportunité pour lui de se repositionner sur l’échiquier politique guinéen ? Une illusion pour mieux masquer les véritables intentions du pouvoir en place ? Le jeu semble pipé d’avance.
Mais au-delà des spéculations, c’est bien l’avenir démocratique du pays qui est en jeu. « À force de voir la panthère tous les jours, on finit par la prendre pour une chatte », avertit Kpogomou. Une image forte qui illustre le risque de banalisation des dérives institutionnelles. En d’autres termes, à force d’accepter les manipulations comme une fatalité, le peuple finit par perdre son droit à l’indignation.
Le retour de Mohamed Touré en Guinée ne doit pas être vu comme un simple hasard du calendrier. Il s’inscrit dans une dynamique où les cartes sont distribuées en amont, au mépris des aspirations populaires. L’histoire récente a pourtant montré que les stratégies de contournement finissent souvent par se heurter à la réalité du terrain. Si les Guinéens ne veulent pas être les spectateurs impuissants d’une mascarade électorale, le moment est venu d’ouvrir les yeux. Car au final, la question n’est pas de savoir qui sera désigné, mais bien de savoir si les Guinéens accepteront encore longtemps d’être les dindons de la farce.
Algassimou L Diallo