L’arrestation de Kassory Fofana, ancien Premier ministre d’Alpha Condé, ainsi que de Mohamed Diané, ex-ministre de la Défense, et d’Ibrahima Kourouma, ex-ministre de l’Enseignement pré-universitaire, continue de diviser l’opinion publique en Guinée. Dans les rues de Conakry, les citoyens réagissent à ces incarcérations qui marquent un tournant dans la lutte contre la corruption.
« Ils récoltent ce qu’ils ont semé »
Pour Sylla Moustapha, ingénieur résidant à Dixinn, cette situation était prévisible :
« Dieu ne fait rien pour rien. Ces anciens dirigeants sont en train de payer pour leur mauvaise gestion du pays. Ils ont gouverné en oubliant qu’un jour ils quitteraient le pouvoir. Nous savions qu’ils avaient détourné des fonds, mais pas à une telle échelle. Pendant que le peuple souffrait du manque d’électricité, d’écoles et d’infrastructures, eux dépensaient des millions pour des voyages luxueux. Il est temps que la justice fasse son travail et que tous ceux qui ont pillé les ressources du pays rendent des comptes. »
« Le pays était en lambeaux »
Zakaria Touré, médecin à Matoto, estime que le colonel Mamadi Doumbouya a pris une décision salvatrice pour la Guinée :
« Si le CNRD n’était pas intervenu, la Guinée aurait sombré. Alpha Condé lui-même avait promis d’arrêter tous les voleurs, mais il ne l’a jamais fait, probablement parce que certains étaient trop puissants. Aujourd’hui, leurs péchés les rattrapent. On parle de milliards de francs guinéens et de millions de dollars disparus. Si ces anciens dignitaires sont jugés pour corruption, c’est une bonne chose pour le pays. »
« Une justice qui se réveille »
Marlyatou Sall, économiste à Cobaya, voit dans ces arrestations un signe que la justice commence à prendre son rôle au sérieux :
« Quand on regarde les dossiers, les chiffres donnent le vertige : des centaines de milliards de francs guinéens détournés, des projets abandonnés, des promesses jamais tenues. Alpha Condé nous avait promis le développement, mais son entourage s’est surtout enrichi. Le procès des événements du 28 septembre n’a jamais eu lieu sous son régime. Aujourd’hui, la justice tente de rattraper le retard. Il faut aussi enquêter sur certaines affaires, comme la mallette de 5 millions de dollars saisie à l’aéroport de Dakar : à qui appartenait-elle et où est-elle passée ? »
Si certains citoyens déplorent les restrictions des libertés sous le régime actuel, comme la fermeture de médias et l’arrestation d’opposants, d’autres préfèrent encore cette gouvernance à celle d’Alpha Condé. Une chose est sûre : l’heure des comptes a sonné pour l’ancienne élite politique.
Ousmane Diallo