Le Général Mamadi Doumbouya, président de la transition en Guinée, a opéré une série de réformes stratégiques qui bouleversent les secteurs du foncier et des infrastructures routières. Le 21 février 2025, deux décrets majeurs ont été signés, redéfinissant les contours de l’aménagement du territoire et du financement de l’entretien des routes. Mais ces changements, bien qu’ambitieux, risquent de faire débat.
Maféreinya : l’aéroport qui se transforme en terrain mixte
L’un des décrets les plus médiatisés concerne le vaste domaine de Maféreinya, d’une superficie de 6 429 hectares, situé dans la préfecture de Forécariah. Ce terrain, acquis sous le titre foncier n°21345-2018-TF, était initialement destiné à la construction d’un aéroport international. Cependant, dans une décision inattendue, ce projet aérien laisse place à un usage mixte. Ce revirement, qui pourrait susciter perplexité, vise à mieux exploiter les terres tout en respectant le cadre législatif en vigueur.
Le gouvernement, par l’entremise du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, a été chargé de réorganiser ce site, en partenariat avec plusieurs autres ministères. L’idée est d’optimiser l’utilisation de ce vaste espace tout en répondant aux exigences de régularisation foncière, mais l’avenir dira si cette réorganisation est réellement bénéfique pour la population.
Le péage renforcé : Une manne pour les routes ou un fardeau supplémentaire ?
Le second décret en date porte sur la révision du régime des péages et du pesage. Avec la loi 2024-021-CNT, promulguée en septembre, le gouvernement cherche à instaurer un système de financement pérenne pour l’entretien des infrastructures routières. Les conducteurs, qu’ils soient de véhicules légers ou de poids lourds, devront désormais acquitter une redevance, dont le montant sera précisé par arrêté ministériel.
Les recettes générées par ce nouveau système seront affectées au Fonds d’Entretien Routier (FER), garantissant une gestion transparente et un suivi rigoureux. Toutefois, cette initiative a ses exceptions : certains véhicules comme les ambulances, les corbillards ou encore les forces de l’ordre bénéficieront d’exemptions, tout comme les habitants des zones riveraines des péages, qui auront accès à des aménagements spécifiques.
Réactions en dents de scie
Ces réformes, bien qu’elles soient justifiées par la nécessité d’un développement durable des infrastructures, risquent de se heurter à des résistances sur le terrain. Le cas de Maféreinya, notamment, soulève des interrogations sur la véritable vision derrière cette reconfiguration foncière. Le système de péage, pour sa part, pourrait être perçu comme un fardeau supplémentaire pour une population déjà éprouvée par les difficultés économiques. Les prochains mois seront cruciaux pour évaluer l’acceptation et l’efficacité de ces mesures.
Alpha Amadou Diallo