Le silence pesant a été rompu. Ce vendredi 7 mars, la France est sortie de sa réserve pour exiger des autorités guinéennes qu’elles fassent la lumière sur la disparition inquiétante de Foniké Mengué, Habib Marouane Camara et d’autres figures de la société civile. Une prise de position ferme qui n’a pas manqué de faire réagir l’ancien parti au pouvoir, le RPG Arc-en-Ciel.
Dans les bureaux feutrés du parti d’Alpha Condé, la déclaration française suscite à la fois satisfaction et perplexité. « Une fois n’est pas coutume« , lâche un cadre du RPG, le regard empreint d’un mélange d’ironie et d’amertume. Marc Yombouno, ancien ministre, salue l’initiative, tout en regrettant qu’elle intervienne si tard.
« La France aurait dû agir depuis longtemps« , martèle-t-il, rappelant que les enlèvements et disparitions se multiplient depuis des mois. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi a-t-il fallu attendre que Foniké Mengué, Billo Bah, Marouane et Abdoul Sacko disparaissent pour que Paris réagisse ?«
Mais ce qui intrigue le plus l’ancien ministre, c’est l’absence de certaines figures dans la déclaration française. « Aucune mention de Saadou Nimaga, aucun mot sur nos camarades détenus. La France considère-t-elle qu’il y a des citoyens de second ordre dans ce pays ?« s’interroge-t-il, amer.
Malgré ces réserves, une chose est sûre : cet appel au retour à l’ordre constitutionnel marque un tournant. La France, longtemps accusée d’indulgence envers la junte, semble désormais prête à hausser le ton. Reste à savoir si, cette fois, Conakry écoutera.
Amadou Diallo