Édito :
Ce dimanche 13 avril 2025, un jet médical s’est posé au Maroc avec à son bord une personnalité dont le nom est à jamais associé à une des pages les plus sombres de l’histoire récente de la Guinée : Moussa Dadis Camara. Gracié il y a quelques jours à peine, malgré une lourde condamnation à 20 ans de prison pour sa responsabilité dans le massacre du 28 septembre 2009, l’ex-chef de la junte bénéficie aujourd’hui d’un check-up médical à l’étranger.
Un privilège qui ne laisse pas indifférent. Car pendant que l’ancien homme fort de 2009 reçoit des soins à l’extérieur, une autre figure centrale du même procès croupit toujours dans sa cellule. Aboubacar Diakité, plus connu sous le nom de Toumba, demande depuis des mois — en vain — une évacuation médicale pour des raisons de santé tout aussi préoccupantes. Ses avocats martèlent, documents médicaux à l’appui, la nécessité d’un transfert sanitaire. Silence radio du côté des autorités.
Alors, deux poids deux mesures ? La question n’est pas anodine. Elle touche au cœur même de la crédibilité de la justice et des principes d’équité. On ne peut se contenter d’arguer de l’humanité d’un président compatissant si cette compassion devient sélective. La santé d’un détenu, quel que soit son nom, ne devrait jamais être tributaire de son rang, de son passé ou de son influence.
La sortie de Dadis Camara relance le débat sur une justice équitable, débarrassée des calculs politiques. Accordera-t-on enfin à Toumba ce que l’on vient d’offrir à son ancien chef ? Le doute plane. Mais il est grand temps que la balance de la justice cesse de pencher selon les vents du moment.
Car au fond, il ne s’agit pas seulement de Toumba ou de Dadis. Il s’agit de nous tous. De la République. Et du respect des droits humains, pour tous, sans distinction.
Algassimou L Diallo