Dans cet entretien accordé à lindependant.org le samedi 28 janvier 2023, le président du Front national pour le développement (FND) rappelle la nécessité d’un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée, tout en revenant sur certains faits au sujet de la Cour de répression de infractions économiques et financières (CRIEF).
Lindépendant.org : La mise en place de la CRIEF est saluée par plusieurs acteurs politiques et sociaux. Qu’en pensez-vous ?
Alhousseine Makanera Kaké : Il faut dire que la création de la CRIEF est salutaire. Il y a des actes posés qui sont appréciables parce que qu’ils ont dit qu’ils ont récupéré beaucoup d’argent, mais par contre, en ce qui me concerne, il y a un problème avec la présomption d’innocence. A mon humble avis cette règle n’a pas été respectée et c’est pourquoi j’estime qu’il y a lieu de revoir le cas de ces personnes concernées puisque la règle c’est la liberté. La prison doit être exception.
Lindépendant.org : La relance du dialogue inclusif semble être une vraie préoccupation. En tant que leader de parti politique comptez-vous plus sur l’intervention du Premier ministre ou celle de la médiation de la CEDEAO ?
Alhousseine Makanera Kaké : Je pense qu’à chaque fois qu’on va vers le dialogue, c’est une bonne chose. Moi je ne voudrais pas dire qu’il faut absolument quelqu’un de l’étranger. Si ce que nous pouvons avoir un médiateur venant de l’extérieur et qu’on peut l’obtenir avec le Premier ministre, je pense qu’il n’y a pas mieux que ça. Moi je ne compte pas seulement sur un médiateur de l’extérieur.
Lindépendant.org : Pourquoi, selon vous, les lignes ne bougent pas malgré les annonces de main tendue de la part de la junte militaire ?
Alhousseine Makanera Kaké : Parce qu’il n’y a pas eu une rencontre que je qualifie digne de ce nom, pour cela il faudrait que tous les Guinéens : journalistes, société civile, société politique, gouvernement, chacun fasse en sorte qu’on puisse renouer avec le dialogue. Parce que le meilleur Guinéen n’est pas forcément le président de la république ou un ministre, c’est ce lui-là qui est meilleur à son poste. Donc, il faudrait que vous fassiez tous pour que les Guinéens puissent s’entendre. Notre pays-là est beau et riche. Il mérite d’être à sa place, sur le banc des nations émergentes, cela ne peut pas se faire sans la paix, la tranquillité et la compréhension.
Lindépendant.org. Quelles sont vos priorités pour une transition apaisée ?
Alhousseine Makanera Kaké : C’est comment organiser rapidement un retour à l’ordre constitutionnel. Pour cela il faut le CNRD (Ndlr : Comité national du redressement pour le développement) parle avec les politiques qui sont ceux qui vont reprendre le pouvoir demain. Il ne sert à rien de les diaboliser, ça ne sert à de parler de développement si on ne crée pas les conditions pour un retour à l’ordre constitutionnel. Pour que les guinéens vivent mieux, il faut le retour à l’ordre constitutionnel qui permettra le retour des investisseurs, c’est ce qui permettra de renouer avec la communauté internationale.
Si aujourd’hui, nous avons des sanctions au niveau de la CEDEAO par exemple, dès que la CEDEAO vous sanctionne, l’Union Africaine entérine et les autres suivent…
Lindépendant.org : La Guinée est-elle sanctionnée ?
Alhousseine Makanera Kaké : Oui ! la Guinée ne siège plus, c’est une sanction, contrairement à ce que les gens disent. Dès qu’il y a de coup d’Etat, vous êtes sanctionnés et vous perdez au niveau des institutions internationales.
Propos recueillis par Alpha Amadou Diallo