Selon le président de l’Alliance pour le changement et le progrès (ACP) et ancien député, Ben Youssouf Keïta, interrogé par lindependant.org, la manifestation programmée le 16 février 2023 par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), officiellement dissous par la junte militaire au pouvoir en Guinée, n’a pas de raison d’être. Un point de vue contesté par l’activiste des droits de l’homme Mamadou Kaly Diallo.
Ex cadre de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Keïta, qui déclare avoir participé à toutes les manifestations politiques en Guinée de 2009 à 2020, soutient que c’est le moment de prendre du recul, faire des analyses et de tirer les leçons du passé.
« La leçon que nous avons tirée, c’est que les manifestations de rue ne portent pas fruits dans le contexte actuel. Il faut changer de stratégie », affirme l’homme qui a abandonné le bateau vert et jaune de l’opposant Cellou Dalein Diallo.
« La manifestation est un droit constitutionnel consacré par la charte de l’ONU, de l’UA, de la CEDEAO et de la transition actuelle, mais à des situations particulières, il faut avoir des attitudes particulières. En cette période de transition déjà actée par la CEDEAO qui dit qu’elle accepte deux ans de transition à partir de janvier 2023, moi je pense jusqu’en janvier 2026, il faut obligatoirement avoir une stabilité », soutient Keïta.
Pour l’activiste des droits de l’Homme et responsable du bureau de « La Baïonnette intelligente », Mamadou Kaly Diallo, il n’y a pas une période propice ou non à l’exercice des libertés fondamentales.
« Aucune situation d’exception ou d’urgence ne devrait, dans les conditions normales, justifier les violations des droits de l’Homme. La junte interdit systématiquement toute manifestation sur la voie publique, ce qui viole non seulement la charte du CNRD (Ndlr : nom de baptême de la junte militaire en Guinée), mais aussi des engagements que la Guinée a librement et volontairement pris par rapport aux instruments de protection de droits de l’Homme », a fait remarquer Diallo.
Selon lui, le défi est de réussir à organiser des manifestations « purement pacifiques ».
« Il est de la responsabilité du CNRD de proposer un cadre de dialogue responsable pour aplanir les divergences. A chaque fois que les autorités par le passé autorisent les manifestations, qu’elles envoient les forces de sécurité pour encadrer la marche, il y a toujours moins de violences. Cela obéi aux normes d’une manifestation pacifique. C’est l’interdiction des manifestations qui se solde souvent par des affrontements entre manifestants et forces de sécurité », souligne l’activiste.
Au moins 12 personnes ont perdu la vie – suite à des manifestations décidées par le FNDC -, depuis la prise du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya, qui a renversé l’ex président Alpha Condé, en septembre 2021.
Amadou Tidiane Diallo