La manifestation organisée ce jeudi 16 février 2023 par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) – et appuyée par les principales coalitions politiques du pays -, a dégénéré en violences depuis hier nuit, faisant plusieurs blessés et des arrestations, selon les organisateur et un haut responsable de la police.
Le FNDC, dont la « dissolution » a été officiellement prononcée par la junte militaire au pouvoir en Guinée, affirmait dans un communiqué annonçant le manifestation avoir organisé une « marche pacifique » pour, entre autres, exiger un vrai dialogue politique inclusif, la libération des leaders politiques et de la société civile actuellement incarcérés à la Maison d’arrêt centrale de Conakry et un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Mercredi soir, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a sorti une note annonçant la réquisition de l’armée.
Jeudi matin, des commandos bérets rouges armés étaient visibles en retrait, mais à proximité des forces de l’ordre conventionnelles.
« Nous avons un bilan de 6 blessés par balles pour le moment (…) Nous allons nous concerter pour décider si nous allons désormais organiser une manifestation chaque semaine », a déclaré en substance Sékou Koundouno, responsable des stratégies du FNDC à des confrères des radios locales.
Des échauffourées ont éclaté depuis hier nuit, avec des descentes des éléments des forces de l’ordre dans certains points dit « critiques », occasionnant des arrestations, a déclaré à lindependant.org un haut responsable de la police.
« Dans la nuit du 15 au 16 février, des violents affrontements entre Forces de l’ordre et loubards ont été enregistrés sur la T7, Wanidara, Bambeto. Le bilan provisoire rapporté fait état de 7 éléments des Brigades anti criminalité (BAC) blessés et des véhicules caillassés . Sept loubards dont le dénommé Ben Laden ont été interpellés par les Forces de l’ordre », a indiqué notre source policière.
Selon cette source, des incidents ont également été signalés jeudi « mais toutes les tentatives d’érection de barricades ont été empêchés » par les forces de l’ordre
« Aucun incident n’a été signalé à l’intérieur du pays », a soutenu ce haut responsable de la police.
Des sources indépendantes ont toutefois confirmé à lindependant.org des violents heurts en banlieue de Conakry, notamment dans le quartier de Baïlobayah où des jeunes surexcités régnaient en maître jeudi aux environs de 11 heures, obligeant un pick-up de gendarme à battre en retraite.
Quelques minutes plus tard, un camion a débarqué des militaires sur le lieu des affrontements mais les barricades érigées par les manifestants empêchaient la progression d’engins roulants. « Wo woulé (ndlr : « vous mentez » en langue soussou !) », hurlaient les protestataires.
D’autres affrontements ont été signalés notamment sur l’axe de la route Le Prince, où les partisans du FNDC ont brûlé des pneus, jeté des pierres et bloqué la circulation à certains endroits.
Amadou Tidiane Diallo