Fin janvier 2023, un communiqué de la direction de la communication de la présidence de transition guinéenne a annoncé la reprise des travaux du Simandou courant mars mais la réalité est beaucoup plus complexe qu’elle ne paraît à première vue, laissent entendre plusieurs sources interrogées par WESTAF MINING.
L’empressement, en mars et juillet 2022, d’ordonner l’arrêt des travaux de construction des infrastructures prévues pour l’évacuation du minerai, sans mesurer l’impact d’une telle décision (baisse de l’activité économique, 15000 personnes au chômage dont 11700 Guinéens), a eu un effet désastreux sur la confiance des investisseurs miniers.
Entre 2015 et 2020, ceux-là mêmes avaient injecté au bas mot 6,2 milliards de dollars USD dans le secteur minier, très actif ce pays d’Afrique de l’ouest.
Depuis quelques semaines, « le temps a été le meilleur juge », comme l’a dit à WESTAF MINING un haut responsable qui travaille sur le projet Simandou où deux entreprises étrangères (Winning Consortium Simandou ou WCS et Rio Tinto) ont été contraintes de cheminer ensemble dans le cadre de la Compagnie du Transguinéen (CTG), même si cette dernière – dont les statuts ont effectivement été signés – attend toujours que le pacte d’actionnaires, étape cruciale pour sa concrétisation véritable, ne soit validé par toutes les parties.
WCS contrôle les blocs 1 et 2 (Simandou nord) et Rio Tinto les blocs 3 et 4 (Simandou sud).
« C’est une année de développement du projet perdue pour rien. Ce ne sont pas les 15% brandis comme un trophée de guerre, qui ont d’ailleurs contribué à compliquer les négociations, qui vont changer le destin de la Guinée » regrette un expert du secteur minier.
Selon une autre de nos sources, l’arrêt des travaux a provoqué une démobilisation des équipes dont certaines travaillaient sur des segments de pointe (tunnels, port en eau profonde, etc) et les remobiliser, alors que plusieurs d’entre eux ont des contrats ailleurs, ne sera pas une sinécure.
« Si les travaux de WCS n’avaient pas été stoppés, on serait très loin dans les ouvrages les plus importants. D’ici fin 2024 à la mi-2025, on serait déjà en production », a dit l’expert.
Un ingénieur financier a expliqué à WESTAF MINING que le principal obstacle à la reprise des travaux reste et demeure « les garanties » désormais exigées par les entreprises qui doivent développer le projet.
« Tout a été changé et il y a eu un surcoût, avec ces 15% d’actions gratuites. Les partenaires qui avaient déjà pris des engagements avec des banques et autres investisseurs, ne s’attendaient pas du tout à ça », fait-il remarquer.
Pour rappel, la convention de WCS pour la construction des ouvrages (chemin de fer et port en eau profonde) a été validée et promulguée sur le modèle Build operate and transfer (BOT), avec une durée d’amortissement d’environ 33 ans.
« Comment faire confiance à un partenaire qui a changé de position après avoir signé et validé des documents qui ont permis de rassurer ceux qui voulaient investir dans le projet ? Ce n’est pas évident », estime l’ingénieur.
Le géant chinois Baowu Steel, après avoir été longtemps dans l’ombre, a décidé de prendre les rênes du projet au compte de WCS. Même si cette entreprise, engagée il est vrai dans d’autres business du même genre (notamment avec Rio Tinto en Australie), a la capacité financière pour réaliser avec son partenaire Winning l’ensemble des ouvrages, il y a fort à parier qu’elle n’avancera pas tête baissée.
Déjà que, selon nos sources, les autorités veulent célébrer en grandes pompes la « reprise » des travaux à la mi-mars, au moment où les contrats qui doivent garantir irréversiblement le deal et empêcher une répétition de l’histoire ne sont pas encore signés, la suite promet…
(Source ; Westaf Mining)