Le célèbre distributeur de journaux Mamoudou Diallo est décédé, le 27 Avril 2023, chez lui à Coyah, où une méchante crise d’AVC l’avait cloué au lit et contraint à réduire drastiquement ses déplacements.
« Mamoudou » pour ses amis les journalistes, était de ceux qui ont prospéré dans le sillage de l’âge d’or de la presse écrite, entre 1992 et l’année 2000, quand on ne retrouvait sur le marché que 4 titres appartenant aux 2 groupes de presse privée réellement autonomes et structurés dans leurs rédactions respectives à l’époque : L’indépendant/L’indépendant Plus, Le Lynx/La Lance.
Durant ces 8 ans, les autres titres comme Le Citoyen, premier organe de presse privée en Guinée, en dépit du talent immense de son fondateur, feu Siaka Kouyaté, n’ont jamais pu atteindre un stade leur permettant d’entretenir sur plus d’une décennie une rédaction fournie, rémunérée régulièrement, encore moins afficher des ambitions dans le domaine des investissements dans la presse écrite.
A la faveur du succès des 2 groupes de presse cités plus haut (L’indépendant et le Lynx), d’autres titres ont vu le jour, après les années 2000 (excepté le journal people L’Oeil, devenu plus tard L’Oeil du peuple, qui se focalisait sur les faits divers), avec des rédactions restreintes parfois à un seul individu et un mode de fonctionnement plus ou moins lié aux faveurs que le défunt a souvent accordé à leurs promoteurs. Cela a incontestablement renforcé la liberté de la presse !
« Mamoudou » était un homme compréhensif, d’une intelligence vive qui contrastait avec son aspect calme ; il avait réussi à mettre une sorte de « centrale d’achat » des journaux qui lui déposaient leurs exemplaires dès la sortie de l’imprimerie, lui laissant la charge de les placer un moment sur toute l’étendue du territoire national.
Tous les « vieux » journalistes l’ont connu. Tous ont apprécié un homme qui est resté humble même quand les ventes des journaux étaient au sommet, notamment à la faveur des événements sanglants (mutinerie de l’armée) des 2 et 3 février 1996 – au moins 24000 exemplaires vendus en une semaine par L’indépendant – ou de la révélation des scandales financiers à Friguia et à l’Agence nationale des infrastructures minières (ANAIM) entre 1998 et 1999 (plus de 10000 exemplaires vendus par semaine par L’indépendant et surtout L’indépendant Plus qui s’était spécialisé dans les investigations).
C’est le moment de rendre également hommage à ceux qui ont connu « Mamoudou » et qui ne sont plus de ce monde : Biram Sacko, Thiernodjo Diallo « Bebel », Mamadou Pounthioun Diallo, Aboubacar Condé « le Bélintigui », ou encore chez le confrère du groupe Lynx-Lance et non moins concurrent à cette époque comme Diomandé, William Sassine (qui a également animé une rubrique à L’indépendant), Hassan Abraham Keïta, Sékou Amadou Condé, etc.
Ces groupe de journalistes disparus s’est s’en doute rencontré au ciel où on les imagine dissertant de politique ou de culture, des pantalonnades et hommes politiques et autres assoiffés de pouvoir, dans une discussion teintée d’éclats de rire.
De cette génération de journalistes, tout au moins pour ceux qui sont encore vivants, très peu exercent encore le métier à temps plein.
Entre son retour en Guinée en 1984 et sa disparition en avril 2023, « Mamoudou » a côtoyé les plus grandes plumes du pays et apporté très souvent directement son aide financière à nombre d’entre ceux-là qui, passionnés par le métier mais sans grands moyens pour entretenir leur propre journal, ne parvenaient pas à boucler normalement les fins de mois à ces temps-là.
Puisse le Bon Dieu accueillir « Mamoudou » dans son paradis, loin des journaux et des problèmes qui vont avec !
La rédaction