Nicolas Machiavel, l’illustre auteur de l’essai « Le Prince », avait, dès le Moyen âge, administré, aux négociateurs professionnels, amateurs ou de circonstance, un conseil avisé : « un ennemi (ou un adversaire, c’est selon), on l’embrasse pour mieux… l’étrangler ».
De toute évidence, le Premier ministre guinéen, Bernard Gomou, est de ceux qui n’hésitent pas à afficher publiquement leur volontarisme, quitte à risquer d’avaler des couleuvres, dans un contexte aussi difficile que miné.
Dans l’après-midi du jeudi 10 novembre 2022, le boss de la primature a entamé une démarche qui se présente comme une médaille à double face, même si ceux qui ne croient pas en lui pensent déceler une ruse visant à prendre des images pouvant conforter une certaine idée d’un « dialogue inclusif » inter guinéen, loin des pressions « insupportables » de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Les quatre grandes coalitions politiques qui l’ont reçu, ont surtout tenu à démontrer leur « bonne foi », eux qui s’inquiètent du sort de leurs responsables embastillés, sans autre forme de procès, sur la base de charges discutables.
Ce n’est pas pour rien que Mamadou Sylla et ses collègues, dont certains ont échappé miraculeusement à la CRIEF ou aux poursuites post-manifestations, ont posé des exigences qui montrent très bien qu’ils n’ont jamais perdu le sens des réalités. Et pour cause ! Tous risquent de se retrouver quelque part à Coronthie, à la moindre imprudence.
Gomou, lui, pourra brandir ce « résultat » inattendu comme un trophée de guerre devant le colonel Mamadi Doumbouya qui, en l’espace d’un peu plus de 13 mois, a fini par réaliser que la gestion d’un Etat est loin d’être une parade militaire.
Entre les deux groupes aux intérêts plus divergents qu’il ne paraît, en dépit des lieux communs servis par les thuriféraires de « l’intérêt supérieur de la nation », se pose une CEDEAO dont le médiateur désigné, Yayi Bony pour ne pas le nommer, suivant qu’on raisonne du point de vue du pouvoir militaire ou de ce qui s’est transformé en « opposition farouche » à la gestion actuelle, devient un problème ou une solution au Mal guinéen.
Il va de soi que toutes les appréhensions, toutes les hésitations, toutes les prétentions teintées d’une mauvaise foi évidente, finiront par s’effondrer si un véritable dialogue est engagé entre les deux parties qui ont accepté de débuter des discussions jusque-là inespérées.
L’enjeu du retour rapide à l’ordre constitutionnel, loin de ce que certains théoriciens de l’abstrait on appelé « refondation, en vaut sans doute la chandelle, mais il reste à savoir à quel prix le résultat final escompté sera obtenu.
La rédaction
NB : la photo est de mediaguinee.org