Comme on en a pris l’habitude depuis le coup d’état militaire de septembre 2021, une décision surprenante – mais pas totalement dépourvue de sens- du Premier ministre Bernard Gomou, visant à permuter les Directeurs Généraux (DG) et Directeurs Généraux adjoints (DGA) de certaines structures étatiques ou mixtes, pourrait remettre en cause le confort de certains nouveaux hauts perchés au sein desdits Organismes publics en Guinée.
Une des lettres du PM Gomou, vue par lindependant.org, désigne comme « Organismes publics », les Etablissements publics administratifs (EPA), Sociétés publiques ou Mixtes, Autorité administrative indépendantes, etc.
Selon cette correspondance qui s’appuie sur le rapport de l’Inspection Générale d’Etat (IGE), publiée le mois dernier, il s’agit de « corriger les insuffisances dans l’administration publique » tel que prôné par le conseil des ministres du 15 juin 2023 au cours duquel le colonel Mamadi Doumbouya a « évoqué » le rapport de l’IGE.
Gomou invite dans son courrier adressé aux ministres à lui faire parvenir une « proposition de permutation des DG et DGA des Organismes publics » sous leur responsabilité.
Nous avons fait des recherches pour trouver des cas similaires où un Etat a décidé de permuter tous les DG et DGA de ce type de structures étatiques ou mixtes, sans retrouver un seul exemple. en vain. Et pour cause !
Si certains DG expérimentés et compétents – dont certains ont du reste pu faire des résultats concrets – ne devraient pas êtres mêlés à ce genre de manœuvre aussi inattendue que loufoque, il va de soi qu’il ne serait pas insensé de rétrograder les plus farfelus d’entre eux, n’excellant que dans la danse du ventre.
La junte militaire a de toute évidence commis l’erreur d’écarter systématiquement les anciens hauts responsables de l’administration publique, garants de la mémoire administrative cumulée pendant plus de 63 ans, sans mesurer les conséquences sur le fonctionnement normal de l’Etat.
Depuis quelques jours, toujours d’après nos sources, dans les deux camps, celui des DG, où l’on cherche à des maintenir, et celui des DGA où on veut être calife à la place du calife, les grandes manœuvres ont été entamées pour arracher la position idéale.
« Le tout n’est pas de se maintenir ou de gravir un échelon. Le vrai problème est qu’est-ce qui motive le fait de vouloir obtenir ou conserver ce genre de poste, surtout que les motivations financières effacent, dans la plupart des cas, tout esprit de servir honnêtement son pays ? Personne n’est naïf », tranche un haut responsable de l’administration publique.
En tout état de cause, on a beau vouloir récompenser sa proximité avec des amis, des parents, des proches ou des connaissances, mais sans compétences avérées et/ou expérience sérieuse, il est impossible d’acquérir des résultats probants dans la gestion publique.
Et cela est d’autant plus valable dans un contexte de transition militaire où la plupart des robinets financiers sont restreints, le temps de revenir à l’ordre constitutionnel normal…
Alpha Amadou Diallo