Le nouveau président de la Conférence des chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigérian Bola Tinubu, a tenu un discours ferme contre tout changement (de régime) anticonstitutionnel dans la zone. Une véritable mise en garde contre les putschistes.
Le leader nigérian, qui participait au 63ème sommet de l’institution sous-régionale, a promis dans son discours de « tout faire » pour empêcher toute prise de pouvoir par la force.
« Nous devons être fermes en matière de démocratie. La démocratie est la meilleure forme de gouvernance. Nous sommes ici parce que nous avons fait beaucoup de sacrifices pour la démocratie. (…) Nous devons être l’exemple pour le reste des autres pays de l’Afrique. Sans la démocratie, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas d’État de droit », a dit le président nigérian.
« Nous ne permettrons jamais que les coups (d’Etat) se succèdent en Afrique de l’Ouest. Nous allons prendre cette question au sérieux avec l’Union Africaine et envoyer des messages à l’Union européenne et aux Américains. C’est un défi oui, mais la démocratie est la meilleure de gouvernance. Personne parmi nous ici n’est arrivé là où il est sans avoir fait la campagne à travers les principes de la démocratie, mais pas pour prendre les armes », a poursuivi Bola, sous les applaudissements.
« Nous n’avons pas investi dans nos armées, leurs uniformes, leur formation, leurs équipements pour qu’ils se braquent contre les populations et violer les principes républicains. Nous avons investi sur eux pour défendre la souveraineté de nos pays. Ils ne doivent pas aspirer à gouverner nos Etats. Nous devons réagir, nous ne pouvons pas rester comme des chiens sans crocs à la Cedeao. Nous devons mordre où il le faut. Avec la confiance placée en moi, je m’engage Excellences, distingués mesdames et messieurs, à faire tout ce qui est à mon pouvoir pour atteindre cet objectif (…) (Par ailleurs) nous allons travailler main dans la main pour notre intégration inclusive en Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré.
Au moins 3 pays dont la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Bissau ont connu des coups d’Etat ou des tentatives de renversement du régime ces 3 dernières années.
Bola, un milliardaire récemment élu à la tête de son pays, a également évoqué l’insécurité et le djihadisme dans son discours, espérant « la sécurité dans la sous-région, une croissance économique qui s’appuie sur le secteur privé ».
Le Nigeria fait face depuis quelques années à des attaques terroristes perpétrées par le groupe Boko Haram et ses alliés.
« Face au terrorisme et aux changements anticonstitutionnels, la conférence des chefs d’État travaille sur la mise en place d’une force militaire. On parle de la mise sur pied d’une force d’intervention. L’organisation ambitionne de mobiliser 5 000 hommes pour l’opérationnalisation de cette force. Sauf que dans un premier temps, elle ne peut que compter sur une brigade de 1 650 hommes. L’objectif, dit-on, est de combattre le terrorisme, et intervenir en cas de coups d’État», a précisé le journaliste de RFI, Serge Daniel.
Alpha Amadou Diallo