La « faiblesse » des revenus miniers en Guinée serait aggravée par les tâtonnements constatés depuis le mois de novembre 2021, avec des décisions dont plusieurs observateurs dénoncent le caractère « populiste »…
En janvier 2005, quand l’essentiel de l’activité était concentrée au niveau de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), les revenus miniers tournaient autour de… 72 millions de dollars USD.
Vers 2008-2009, un pré-rapport de l’Initiative transparence pour les industries extractives communément appelé ITIE (voir tableau ci-dessous) indiquait que les revenus tournaient autour de 100 millions USD (environ 1043 milliards GNF).
Avec l’avènement d’un nouveau pouvoir élu à partir de 2010, des ressources exceptionnelles tirées de l’accord transactionnel entre Rio Tinto et l’Etat guinéen, ont permis au Trésor public d’encaisser 700 millions USD. Mais c’était un phénomène marginal…
Les revenus miniers ont réellement décollé à partir de 2018, avec l’entrée en scène de la Société minière de Boké (SMB) – dès 2015 – qui a bouleversé l’ordre établi. Très rapidement, avec une politique minière très favorable aux investissements, ces revenus vont atteindre entre 440 et 550 millions USD à la fin de l’année 2020 (voir tableau ci-dessous).
Dans les faits, la fluidité imprimée dans les opérations administratives au cours de cette période a permis une meilleure mobilisation des revenus miniers, la SMB étant en tête des contributeurs (voir chiffres ci-dessous).
Cette période a été également marquée par un bond de la Guinée au classement Fraser Institute (de la 103è place en 2015 à la 20è place en 2020) et des investissements directs dans le secteur minier de l’ordre de 6,2 milliards USD entre 2015 et 2020.
Il y a quelques jours, un site internet local (https://www.visionguinee.info/les-mines-apportent-moins-de-600-millions-de-dollars-a-la-guinee-bernard-gomou-en-colere-cest-une-insulteon-ne-gagne-pas-de-largent/), sans préciser certains détails de contexte, a publié que le Premier ministre guinéen, Bernard Gomou se serait plaint de la faiblesse des revenus miniers en Guinée.
« C’est oublier le bras de fer inutile engagé contre certains opérateurs miniers dont les projets pouvaient sans doute doubler voire tripler les revenus miniers dans ce pays d’Afrique de l’Ouest », affirme un expert minier.
Selon cet expert, le cas du projet Simandou, sorti de son cadre initial, est assez illustratif. En effet, l’un des détenteurs des droits sur le méga gisement de fer, Winning Consortium Simandou (WCS) était en train de respecter son cahier de charges à une vitesse hallucinante. L’élan de cette entreprise installée sur les blocs 1 et 2 du Simandou (Simandou Nord) a été brisé par 2 décisions d’arrêt des travaux en mars puis en juillet 2022.
Or, dans le contexte actuel, un démarrage des exportations de fer (le total des investissements entre la mine, le chemin de fer et le port en eau profonde est évalué au base mot à environ 15 milliards USD) aurait donné une force jamais égalée à la mobilisation des recettes minières, « sans compter les externalités sur toute l’économie guinéenne », note un économiste.
D’autres opérateurs miniers ont été touchés par les caprices du changement opéré à la tête du ministère des mines : HPX (SMFG), Anglogold Ashanti (SAG), Société minière de Dinguiraye (SMD), sans compter des exploitations de moindre envergure comme AGB2A, Bel-Air Mining, Société des Bauxites de Guinée (SBG), etc.
Même la SMB, principal contributeur de l’Etat dans le cadre des recettes minières a connu sa période de « pressions », entre des réclamations intempestives d’impôts, une certaine idée de l’activité minière imposée par le nouveau chef du département des mines, Moussa Magassouba, bref, des écueils qu’on aurait pu éviter en instaurant un climat de confiance et de dialogue entre partenaires, condamnés à travailler ensemble sur une longue période.
A ce tableau, il faudrait ajouter l’intervention de « vendeurs d’illusions », le sentiment « d’insécurité juridique » et la confusion créée de toutes pièces autour de la portée et la valeur réelle des conventions déjà signées (souvent avec l’aide de grands cabinets d’avocats durant la période 2010-2020) dont la remise en cause pourrait indéniablement retarder les résultats escomptés dans ce secteur stratégique pour l’économie guinéenne…
(Source : Westaf Mining)