Après une saison de cauchemar entre blessures et affaires extra-sportives, dont une histoire de maraboutage insolite, les rêves de rebond de Paul Pogba sont brisés par un soupçon de dopage à la testostérone pour lequel l’Agence italienne antidopage (Nado) l’a provisoirement suspendu lundi.
Le jour où le champion du monde 2018 effectuait sa rentrée médiatique par un entretien énergique au micro d’Al Jazeera, évoquant sa « rage » et son « envie de jouer », il prend un nouveau coup sur la tête.
La « Pioche » revenait sur son « année difficile », en 2022/23, qui aurait pu le « détruire ». Avec ses multiples blessures, la tentative d’extorsion en bande organisée le visant, et dans laquelle est notamment impliqué l’un de ses frères, Mathias, sans oublier la polémique sur une potentielle tentative de maraboutage de son coéquipier Mbappé, il n’a joué que dix bouts de match la saison dernière et a manqué le Mondial-2022.
Mais il risque d’en manquer bien plus s’il se confirme qu’il a pris de la testostérone.
Dans un message envoyé à l’AFP, son agente, Rafaela Pimenta, indique qu’elle « attend les contre-expertises et ne peut pas avoir un avis avant les résultats ». « Ce qui est sûr, poursuit-elle, c’est que Paul Pogba n’a jamais voulu enfreindre une règle. »
« Le Tribunal national antidopage informe que conformément à la recommandation du procureur national antidopage, il a prononcé la suspension à titre provisoire de Paul Labile Pogba », a indiqué la Nado dans son communiqué à l’AFP.
La sanction a été prononcée pour « violation des articles 2.1 et 2.2 pour la présence des substances prohibées suivantes: métabolites de testostérone », a-t-elle ajouté.
Il risque quatre ans de suspension
La Juventus Turin, son club, a précisé dans un communiqué que le contrôle antidopage remontait au 20 août à l’issue du match entre Udine et la Juventus, comptant pour la première journée du Championnat d’Italie. Pogba n’était pas entré en jeu ce jour-là.
Si la contre-expertise de son échantillon B confirme la présence de métabolites de testostérone dans son organisme, il est passible d’une suspension de quatre ans.
La Juve a seulement écrit qu’elle « se réserve la possibilité d’évaluer les prochaines étapes de la procédure », laissant entendre qu’elle attendait la suite, et donc la contre-expertise.
Pogba, 30 ans, avait fait son retour en compétition le 27 août lors du nul de son équipe à domicile face à Bologne (1-1) en Championnat d’Italie. Son précédent match remontait au 14 mai.
Il était entré en jeu le week-end suivant lors du match contre Empoli, comptant pour la 3e journée, mais avait fini la rencontre diminué à cause d’une douleur à la cuisse droite. Les examens s’étaient révélés rassurants.
Revenir « plus fort »
Devant les caméras d’Al Jazeera, Pogba promettait de revenir « plus fort » après les épreuves traversées, la série de blessures et le chantage présumé (l’enquête est toujours en cours).
« L’argent change les gens, l’argent peut briser une famille, déclencher la guerre », a-t-il raconté à Generation Sport, une émission de la chaîne qatarie.
« Les seules personnes qui peuvent vous blesser, ce sont vos proches », a-t-il développé. « Les ennemis, vous savez où ils sont, mais les amis, la famille, ceux dont vous pensez qu’il sont heureux pour vous, ils peuvent vous détruire, ils peuvent vous détruire (il le dit deux fois, NDLR). »
Au plus fort de cette crise, « il y avait des fois où je me retrouvais seul et je me disais: +Je ne veux plus avoir d’argent, je ne veux plus jouer, je veux juste être avec des gens normaux, qui m’aiment pour ce que je suis, par pour la gloire ou l’argent+ », a poursuivi Pogba.
Mais l’international aux 91 sélections annonçait aussi que ses déboires allaient le « rendre plus fort » et donnait rendez-vous à tous ceux qui ne croient pas qu’il puisse revenir un jour à son meilleur niveau.
« Le football est cruel, les gens peuvent vous oublier le jour d’après », a-t-il dit. « Ils vous attendent au coin: +Il est fini, sa carrière est finie+. Beaucoup pensent que je suis fichu, que je suis mort, que Pogba n’existe plus, que je ne suis plus un des meilleurs, que je ne suis même plus un bon joueur, que je suis toujours blessé… »
Mais « je ne suis pas faible, vous pouvez dire du mal du moi, je ne vais jamais baisser les bras, je vais travailler encore plus, donner encore plus, et je vais devoir leur montrer, encore une fois… », a-t-il conclu.
S’il est convaincu de dopage, il n’en aura sans doute pas l’occasion.
(Source : web)