Depuis le 17 août dernier, les magistrats de Guinée observent un débrayage pour protester contre la suspension des magistrats Moussa Camara et Cé Avis Gamis, respectivement juge et substitut du procureur au tribunal de première instance de Labé. Ce mouvement de débrayage entamé à l’appel de l’Association des Magistrats de Guinée (AMG) paralyse de nombreux cours et tribunaux du pays. Ces juridictions peinent aujourd’hui à tenir des auditions pour évacuer les dossiers.
Selon Me Thierno Souleymane Baldé, avocat au barreau de Guinée, ce débrayage des magistrats a d’énormes conséquences sur les citoyens, en particulier ceux qui sont en conflit avec la loi. Il estime qu’il est impossible d’organiser un quelconque procès dans ces conditions. Et cela porte préjudice aux citoyens dans la mesure où il entraîne une certaine violation de la loi.
« Cette grève des magistrats a des conséquences assez énormes au niveau de beaucoup de citoyens, notamment ceux-là qui sont en conflit avec la loi. Comme vous le savez, en matière de justice, il y a des délais pour chaque procédure pour éviter qu’il y ait l’injustice. Lorsqu’il y a des citoyens qui sont en conflit avec la loi, qui sont arrêtés au niveau des officiers de police judiciaire, dans les conditions normales ils peuvent être déférés dans un délai de 48 heures, à moins qu’il y ait une prolongation. Mais, ces temps-ci nous voyons qu’il y a certaines personnes qui sont arrêtées et qui restent en garde à vue pendant une semaine ou deux. Et cela est une violation manifeste des dispositions légales et cela porte préjudices à ces citoyens. Et, au-delà, après la rentrée judiciaire, dans les conditions normales, il y a certaines procédures qui doivent être relancées. Mais, jusqu’à maintenant, on attend. En plus, en ce qui concerne les dossiers de flagrants délits, la loi prévoit qu’ils doivent être jugés immédiatement ; et si cela n’est pas possible, ils doivent être jugés le lendemain. Et, avec la grève des magistrats, il est impossible d’organiser un procès quelconque », a expliqué Me Thierno Souleymane Baldé.
Par ailleurs, cet avocat au barreau de Guinée a émis l’espoir de voir cette situation prendre fin dans les brefs délais.
« Les conseils des détenus ne peuvent pas faire beaucoup de chose, puisque nous n’avons pas d’autres choix que d’aller vers les différentes juridictions qui sont compétentes pour faire valoir nos différentes revendications. Parce que s’il y a un détenu, ses conseils ne peuvent aller que vers le parquet ou le juge d’instruction qui ont en charge le dossier pour poser les actes. Mais, dès lors que les magistrats sont en grève, ils ne peuvent absolument rien faire. On est obligé d’attendre, et cela cause un problème assez important au niveau du respect des libertés fondamentales. Nous espérons qu’il y aura une solution sous peu, puisque nous savons tous que la justice est la pierre angulaire de chaque société. Aussi longtemps que la justice ne fonctionne pas, on ne peut pas espérer que les autres domaines de la vie en société marchent normalement », a indiqué Me Thierno Souleymane Baldé.
(Source Guineematin.com)