Dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 Octobre 2023, des inconnus ont attaqué la Maison Centrale de Conakry, maîtrisé le personnel de garde avant de permettre à des accusés clés du procès dit du massacre du 28 septembre 2009 de se faire la malle.
Le fantasque capitaine Moussa Dadis Camara, les colonels Claude Pivi, Moussa Tiegboro Camara et Blaise Gomou, ont tous filé à l’anglaise appuyés par des personnes en tenues militaires, lourdement armés.
La scène n’aurait pas pris les allures d’une tragi-comédie si quelques heures à peine que l’ex chef de la junte de 2008 a poussé le portail de la Maison Centrale, il y retournait en hurlant au « kidnapping ». En tout cas, son avocat fait tout pour convaincre l’opinion que le principal animateur des « Dadis show » est victime d’une cabale montée par des plaisantins trop inspirés.
S’il fallait se contenter des versions à géométrie variable fournies par Dadis et son entourage dans le procès lui-même, on aura bien entendu du mal à le croire.
La chose est d’autant plus rocambolesque que ses « complices » de cavale, sont ceux là mêmes dont les dépositions au tribunal criminel chargé de juger les crimes (157 morts au moins), les viols (une centaine de femmes) et les graves exactions commis en 2009 au grand stade Conakry, sont les plus raillées par la plupart des gens qui suivent le fameux procès.
On imagine mal des margoulins coordonner une opération aussi complexe contre le gré des principaux bénéficiaires, prenant même le risque de se faire trucider en affrontant des gardes aguerris disposant de pickups surmontés de mitrailleuses 12/7.
La ficelle (celle de justification des avocats de Dadis et Tiegboro) semble bien entendu trop grosse pour convaincre le plus sot d’entre nous.
Une tentative d’évasion, même dans une prison de village, comporte des risques qu’on ne saurait prendre sans certaines certitudes. Peut-être faudrait-il nous pincer pour croire que Dadis est la pauvre victime de vulgaires kidnappeurs. On pourrait même dire que ce n’est pas une histoire africaine, c’est… une balade guinéenne !
Oumar Camara