Depuis le début de l’année 2022, les journées ne semblent pas évidentes pour nombre de hauts responsables du ministère guinéen des Mines et de la Géologie. Entre mauvais choix opérés sur certains dossiers stratégiques, tâtonnements dans d’autres voire des lenteurs pour les plus malchanceux, les opérateurs miniers trinquent, estime un expert du secteur minier qui s’est adressé à WESTAF MINING…
« L’une des premières erreurs commises depuis la nomination de Moussa Magassouba à la tête du ministère des Mines et de la Géologie a été le blocage en mars 2022 des travaux du Simandou, plus précisément sur les blocs 1 et 2 contrôlés par Winning Consortium Simandou (WCS), sans explications convaincantes », affirme notre source.
Le consortium qui a remporté un appel d’offres international en novembre 2019 (Ndlr : devant le géant australien Fortescue) avait entamé aussitôt des travaux de grande envergure pour aménager les infrastructures indispensables à l’évacuation de la future production de fer, là où son ex « concurrent » et nouveau partenaire dans le cadre de la Compagnie du Transguinéen (CTG), Rio Tinto Simfer pour ne pas le nommer, qui dispose d’une concessions sur les blocs 3 et 4, ne faisait pas preuve d’un grand enthousiasme…
Présent sur le terrain depuis 1997 (via RTZ Mining), Rio Tinto Simfer, a souvent brandi beaucoup de promesses par rapport à l’aménagement du chemin de fer et du port en eau profonde, sans rien concrétiser.
« Cette manière d’entraver les travaux d’un consortium (WCS) qui respectait totalement son cahier de charges au moment où on lui notifiait l’arrêt des travaux qu’il effectuait sur les infrastructures du Simandou (chemin de fer, avec plusieurs tunnels entamés et port en eau profonde), sans respecter ses conventions de base ratifiées par une assemblée nationale élue, a été interprétée comme un mauvais signal en direction des investisseurs », a commenté cet expert minier.
Selon lui, cela a dû décourager beaucoup d’investisseurs de s’engager dans le secteur, étant donné que la base de leur action repose une garantie de stabilité juridique.
D’autres projets ont également souffert du style de gestion Moussa Magassouba, souligne notre source.
Selon notre expert, on pourrait citer le traitement difficile des dossiers Alufer, en difficulté financière mais obligée de payer une pénalité astronomique (environ 7 millions USD, soit 60 milliards 250 millions GNF) après le chavirement en pleine mer d’une de ses barges remplie de bauxite ; AGB2A contrainte à séparer les actionnaires chinois (42% à l’époque) et guinéens (58%) ; SBG avec des difficultés qui ont conduit à un changement de partenaires ; Kimbo Mining avec un arrêt des activités à peine avoir célébré la production de la première tonne, etc…
Par ailleurs, il y a également des exemples d’investisseurs miniers qui attendent depuis des mois une simple signature, ce qui ralentit leur projet.
C’est le cas notamment de la société Alliance Minière Responsable (AMR) qui attend l’approbation de la cession des 84,9% d’actions précédemment détenues par des hommes d’affaires français au Guinéen Sonny Doumbouya (voir article publié dans la présente édition)…
C’est également le cas d’une société comme Elite Mining qui attend depuis des mois son permis d’exploitation. A ces exemples s’ajoutent celui de Guinea development mining (GDM) dont les responsables sont passés par toutes sortes d’émotions.
Cette tendance à « acculer » les compagnies gérées par des Guinéens est assez inquiétante ; elle pourrait à terme compromettre la politique visant à créer des champions nationaux, estime notre expert.
« Toutes ces difficultés auraient été normales si les dossiers étaient tous traités avec célérité requise. Ce sont de gros montants et la réputation des entreprises et de leurs promoteurs sont en jeu. Des investisseurs ont dû attendre des mois avant de décrocher une simple signature du ministre, ce qui n’est pas du tout normal », fait remarquer cet expert.
D’autres sources du ministère de Mines pointent du doigt et expliquent « l’opacité » dans le traitement de certains dossiers par les rapports difficiles entre le ministre Magassouba et plusieurs de ses hauts cadres.
Une source proche de Magassouba a tenté de minimiser les faits en affirmant qu’il faudrait les mettre au compte d’une administration où chacun cherche à « avoir raison ».
Les différents SMS envoyés directement au ministre des Mines par un journaliste de guinee7.com (notre partenaire) pour expliquer le pourquoi des couacs indexés n’ont pas connu de réponses.
Quoi qu’il en soit, plusieurs opérateurs miniers ont confié à WESTAF MINING leur frustration par rapport aux relations parfois tendues qu’ils entretiennent avec le chef du département des Mines, ce qui affecte directement leurs affaires.
(Source : WESTAF MINING)