La décision sans précédent du président de la transition guinéenne de dissoudre le gouvernement a secoué la scène politique du pays, suscitant des réactions véhémentes parmi ses acteurs clés.
Pour Dr. Ben Youssouf Keita, leader du parti Alliance pour le Changement et le Progrès (ACP), cette dissolution pourrait être une opportunité pour résoudre la crise qui afflige la nation. Dans une déclaration, il souligne que le président du CNRD (Comité National pour le Redressement et le Développement), le général Mamadi Doumbouya, devrait user de cette mesure pour restaurer la cohésion et améliorer le fonctionnement administratif, conformément à la charte de transition. Keita a exprimé sa confiance dans la capacité du chef de l’État à apporter des solutions adéquates aux défis pressants, tout en lui souhaitant bonne chance dans cette entreprise.
D’un autre côté, Diabaty Doré, président du parti RPR, critique ouvertement le gouvernement dissous, le qualifiant d' »incompétent ». Selon lui, le pays était dirigé par des « ministres stagiaires », et la dissolution est vue comme une décision nécessaire pour rectifier une situation préoccupante. Il souligne l’importance de ne pas considérer le sommet de l’État comme un lieu de formation, mettant en garde contre la nomination de proches sans compétences pour gérer les affaires d’un pays aussi riche que la Guinée.
Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l’UDRP et membre de l’ANAD, exhorte également le président de la junte à revoir sa stratégie de gouvernance. Il met en lumière les lacunes observées dans la gestion du CNRD, soulignant que la critique ne devrait pas se limiter au gouvernement, mais s’étendre à l’ensemble du système dirigé par le CNRD.
Abdoulaye Kourouma, président du RRD, rejoint le chœur des voix appelant à un changement significatif. Il souligne la nécessité pour les forces vives de la nation de se réunir pour former un gouvernement de consensus, ayant pour objectif principal le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la lutte contre la corruption et la cherté de la vie.
Pendant ce temps, le PEDN, prudent, préfère s’abstenir de tout commentaire, attendant de voir les raisons motivant la dissolution du gouvernement. Mohamed Cissé, responsable de la communication, souligne l’importance de surveiller de près les actions de la nouvelle équipe gouvernementale pour évaluer son engagement envers le calendrier de transition.
En attendant, les membres des équipes dissoutes font face à des restrictions sévères, avec la confiscation de leurs documents de voyage, l’interdiction d’accès à leurs bureaux, la suspension de leurs comptes bancaires et l’obligation de restituer les véhicules de service. La dissolution du gouvernement marque ainsi le début d’une nouvelle ère politique en Guinée, avec des enjeux cruciaux pour l’avenir du pays.
Alpha Amadou Diallo