Bah Oury, l’homme politique fraîchement nommé au gouvernement par décret présidentiel il y a seulement 24 heures, porte en lui une histoire remarquable, façonnée par les turbulences politiques et les luttes pour la démocratie. Né en 1958 à Pita, en moyenne Guinée, son parcours est marqué par une évasion précoce de la dictature de Sékou Touré. Son ascension, jalonnée de succès académiques et d’engagements politiques, est une saga qui mérite d’être contée.
Bah Oury a quitté la Guinée à l’âge de 6 ans avec son père pour fuir le régime oppressif de Sékou Touré. Installé au Sénégal, il y a accompli des études remarquables, distingué par ses performances exceptionnelles au concours général des lycées, où il a raflé les plus prestigieux prix nationaux en mathématiques, français, philosophie et histoire. Sa brillante réussite au baccalauréat en sciences mathématiques lui a valu la mention très bien, faisant de lui le premier de sa promotion au Sénégal.
Grâce au soutien du président Léopold Sédar Senghor, Bah Oury a obtenu la nationalité sénégalaise et une bourse pour la France, où il a poursuivi ses études dans les prestigieuses classes préparatoires aux Grandes Écoles Françaises au lycée Louis-le-Grand à Paris. Malgré les perspectives de réussite offertes en France, il a décidé de retourner en Guinée, estimant que son pays natal avait plus besoin de lui que son pays d’adoption.
De retour en Guinée en 1984, après la mort de Sékou Touré, Bah Oury s’est rapidement engagé dans des activités politiques, organisant des jeunes pour la prise de conscience démocratique et citoyenne. Il a été un acteur majeur des mouvements estudiantins des années 1988 à 1992, émergeant ainsi comme une figure de proue de la lutte pour la démocratie.
En 1990, avec le Doyen Thierno Madjou Sow, il a cofondé l’OGDH (Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme), devenant ainsi un précurseur de l’organisation politique du pays. Malgré les obstacles et les périodes d’incarcération, Bah Oury a continué à lutter pour la démocratie, participant activement à la fondation de l’UFD (Union des Forces Démocratiques de Guinée) dans la clandestinité en 1991.
Son parcours politique est ponctué d’accusations et d’arrestations, mais également de moments de résilience et de mobilisation populaire. Bah Oury a été un fervent défenseur de la démocratie, même lorsque les mouvements politiques semblaient plongés dans la léthargie pendant les années 1993-2001.
La décennie 2000 a été marquée par un réveil démocratique, auquel Bah Oury a pleinement contribué. Son implication dans les mouvements sociaux de février 2006, juin 2006 et janvier-février 2007 a été cruciale pour galvaniser la population contre la mal-gouvernance et les répressions du régime.
En 2008, Bah Oury a été nommé Ministre chargé de la Réconciliation Nationale, de la Solidarité et des Relations avec les Institutions, dans le gouvernement de large consensus du Premier Ministre Ahmed Tidiane Souaré. Son mandat a été marqué par des actions historiques visant à promouvoir la réconciliation et à reconnaître les injustices du passé.
En tant que ministre, Bah Oury a œuvré pour la reconnaissance des crimes politiques commis en Guinée depuis l’indépendance, s’engageant également dans la restitution des biens expropriés et dans la reconnaissance des victimes de violences. Son dévouement pour la justice et la réconciliation a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la Guinée moderne.
Le parcours extraordinaire de Bah Oury, de la fuite de la dictature à son engagement pour la réconciliation nationale, témoigne de sa détermination à défendre les valeurs démocratiques et à œuvrer pour un avenir meilleur pour son pays.
Source : https://bahoury.com/bio/