Ce premier mars 2024 marque le soixante-quatrième anniversaire de la création de la monnaie guinéenne, un jalon historique célébré exactement 64 ans après que la Guinée ait accédé à sa souveraineté nationale. Le Dr Alhousseine Makanera Kaké, éminent économiste, revient sur le parcours de cette monnaie qui a évolué en marge des sentiers monétaires conventionnels.
« Pendant la période coloniale, la Guinée était intégrée à la zone Franc. Lorsque la Guinée a réclamé et obtenu son indépendance, la question cruciale posée à la France était celle de la coopération financière et monétaire. La décision qui en découla fut l’exclusion de la Guinée de la zone Franc, l’empêchant ainsi d’effectuer des transactions financières en francs CFA », explique le Dr Kaké en remontant aux origines de cette décision capitale.
Face à cette situation, les autorités de l’époque ont été contraintes de s’engager sur la voie de l’indépendance monétaire, donnant naissance au franc guinéen qui, au fil des décennies, s’est imposé comme l’instrument financier de la nation. Plus de cinquante ans après cette transition, l’économiste évalue l’évolution actuelle de la monnaie guinéenne en soulignant : « Hier, selon les données disponibles, il fallait 9 200 francs guinéens pour obtenir un dollar, ce qui marque une nette amélioration par rapport aux 12 000 francs pour un dollar à l’époque.»
Envisageant l’avenir, l’idée d’intégrer l’Union Monétaire Africaine a été ardemment promue par les différents régimes qui se sont succédé. Cependant, le Dr Kaké émet des réserves quant à sa faisabilité immédiate : « J’insiste, nous ne sommes pas prêts. Pour faire partie de la même zone, il est impératif d’avoir des économies comparables et de satisfaire à des critères spécifiques. Si ces conditions ne sont pas remplies, cela n’a aucun sens. Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un qui pédale sur un vélo de rivaliser avec quelqu’un qui conduit un 4×4 », déclare-t-il, exprimant ses doutes quant à la réalisation immédiate de cette ambition régionale.
Algassimou L Diallo