Au cœur de la capitale guinéenne, le tribunal chargé du procès retentissant des massacres du 28-Septembre 2009 s’apprête à aborder une étape cruciale dès ce 18 mars 2024, alors que la demande du parquet de requalifier les faits en crimes contre l’humanité est examinée avec attention. Après une pause de deux semaines, l’audience reprend son cours, mettant en lumière les enjeux judiciaires majeurs de cette affaire qui ébranle encore les fondations de la nation.
Ce matin-là, l’atmosphère dans la salle d’audience est tendue alors que les avocats de la défense prennent la parole pour présenter leurs arguments. Les robes noires s’animent, exprimant avec vigueur les positions de leurs clients face aux accusations qui pèsent sur eux. Maître Almamy Samory Traoré ouvre le bal en rappelant avec fermeté le cheminement du procès et les qualifications déjà établies. Il souligne l’absence de preuves de la responsabilité de commandement dans les actes considérés comme des crimes contre l’humanité, insistant sur l’épuisement des voies de recours disponibles.
Puis vient le tour de Pépé Antoine Lamah, arborant une paire de lunettes de soleil noires, signe distinctif d’un avocat confiant et incisif. Avec une assurance palpable, il démonte les réquisitions du ministère public, les qualifiant de tardives et dénuées de fondement. Sa voix résonne dans la salle alors qu’il met en lumière les failles de l’accusation, suggérant que le délai écoulé depuis le début des débats reflète une certaine conviction de l’innocence du capitaine Moussa Dadis Camara, principal accusé dans cette affaire retentissante.
La journée se poursuit avec les interventions successives de la défense, chacune apportant son lot d’arguments et de contre-arguments, alimentant ainsi un débat juridique intense. Tous les regards sont rivés sur le tribunal, dans l’attente d’une décision qui pourrait être rendue dans la journée, ou éventuellement retardée afin d’accorder plus de temps à la réflexion des juges.
Cette affaire a débuté en septembre 2022, mettant sur le banc des accusés Moussa Dadis Camara, ancien dirigeant du pays, ainsi que dix autres hauts responsables militaires et gouvernementaux. Les événements du 28-Septembre 2009 ont laissé des cicatrices profondes dans la société guinéenne, avec au moins 156 morts, des centaines de blessés et des dizaines de femmes violées, selon les conclusions d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Aujourd’hui, alors que la justice poursuit son cours, l’espoir de vérité et de réconciliation demeure fragile, suspendu aux décisions de ce tribunal historique.
Algassimou L Diallo