Depuis quelques jours, la jeunesse guinéenne suscite l’intérêt dans le paysage politique, mais selon certains observateurs, le manque de formation, d’engagement, voire de conviction, semble perceptible chez bon nombre d’entre eux. C’est du moins l’opinion exprimée par des éditorialistes de renom tels qu’Ibrahima Sory Traoré et Nouhou Baldé.
Selon ces confrères, s’engager en politique exige des valeurs inébranlables pour ceux et celles qui ambitionnent de le faire. Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la présidence sénégalaise, les voix se font entendre pour réclamer une place plus importante pour la jeunesse guinéenne dans les instances dirigeantes. Mais la réalisation de ce rêve semble encore lointaine, comme le souligne Traoré.
« Il faut reconnaître que la jeunesse guinéenne est en retard en termes de formation et d’engagement. Même Bassirou Diomaye Diakhar Faye, avec Sonko comme mentor et tous leurs amis qui ont fondé le PASTEF, sont des individus ayant bénéficié d’une certaine formation. Je ne dis pas que les jeunes guinéens ne sont pas scolarisés, mais être jeune est un métier à part entière », affirme-t-il.
Nouhou Baldé partage cet avis et va plus loin en soulignant le manque de courage parmi la jeunesse guinéenne. « Je vois très peu de jeunes courageux chez nous. Ceux que je vois sont davantage des analystes politiques. Ils analysent la situation, écrivent sur le sujet, mais ne prennent jamais leurs responsabilités », déplore-t-il.
Le PASTEF, par exemple, a basé son projet de société sur la lutte contre la corruption, une idée qui pourrait émerger en Guinée, estime un journaliste. Cependant, il est convaincu que la politique doit être guidée par des valeurs plutôt que par le hasard.
« Quand quelqu’un passe son temps à quémander, à lécher les bottes d’une autorité, c’est qu’il n’a d’ambition que de nourrir sa famille. Ses ambitions se limitent au peu d’argent qu’on lui donne », souligne-t-il.
L’idée d’être jeune ne suffit pas pour réussir en politique. Il faut avoir des valeurs, un programme, du courage et des convictions. Malheureusement, ces qualités semblent faire défaut chez bon nombre de jeunes Guinéens. La bataille politique s’annonce donc rude entre une jeunesse ambitieuse, désireuse d’écarter l’ancienne classe politique pour mauvaise gestion, et cette dernière qui réplique en mettant en avant le manque d’expérience et de formation de la jeunesse.
Alpha Amadou Diallo