Dans un contexte de crise énergétique persistante en Guinée, un expert en développement et ancien ministre de la coopération et de l’intégration africaine, Thierno Mamadou Diallo, sonne l’alarme quant à l’approche actuelle vis-à-vis du secteur de l’électricité. Dans une déclaration à la presse, Diallo met en lumière la futilité des efforts d’urgence pour tenter de combler un retard de trente ans dans le domaine de l’énergie.
« Dans le secteur de l’électricité, nous ne pouvons pas rattraper trois décennies de retard en nous contentant de mesures conjoncturelles », prévient-il. Pour Diallo, la réponse aux délestages électriques fréquents ne peut être que structurelle. Il exhorte fermement le gouvernement à ouvrir le champ des possibilités aux investisseurs privés, soulignant que la situation actuelle ne peut plus être tolérée.
« La réalité est que l’électricité en Guinée ne peut plus être fournie de manière ininterrompue », déclare-t-il. Les délestages, loin d’être de simples coupures de courant, représentent une crise enracinée dans des décennies de négligence et de sous-investissement. « Pendant trente ans, aucun investissement n’a été fait dans le secteur de l’énergie, de Garafiri à Kalété », déplore Diallo. « Nous ne pouvons pas combler un tel retard en agissant dans la précipitation. »
Malgré ces défis, les autorités continuent de croire en des solutions temporaires. L’idée de faire venir un « bateau électrique » pour pallier le manque d’électricité est rejetée catégoriquement par Diallo. « Cela ne constitue pas une solution », insiste-t-il. « Nous avons besoin d’une refonte complète de notre système d’approvisionnement en électricité. »
Avec une consommation moyenne de seulement 6000 kWh par habitant, les Guinéens sont privés des avantages d’une exploitation énergétique adéquate. Diallo encourage vivement l’investissement privé dans le secteur pour combler ces lacunes. « Les cadres juridiques existent, la réglementation sur les partenariats public-privé a été approuvée. Il est temps de les mettre en œuvre de manière efficace », déclare-t-il.
En fin de compte, c’est le ministère de l’énergie, de l’hydraulique et des hydrocarbures qui est interpellé pour assurer un approvisionnement stable en électricité dans le pays. La Guinée, souvent qualifiée de « château de l’Afrique de l’Ouest », ne pourra réellement briller que lorsque ses problèmes énergétiques fondamentaux auront été résolus.
Saliou Keita