Un nouvel épisode de désastre énergétique a frappé la Guinée alors qu’un incendie dévastateur à la centrale électrique de la capitale et la rupture d’un câble ont plongé une quarantaine de quartiers de Conakry dans les ténèbres. Cette tragédie, survenue à la suite de la pénurie de mazout consécutive à l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures en décembre dernier, n’est que le dernier chapitre d’une longue saga de dysfonctionnements qui afflige le pays depuis des décennies.
Pour la génération majoritaire de Guinéens âgés de moins de 30 ans, l’électricité est un luxe rarement expérimenté sur leurs terres. Leur existence est rythmée par les coupures de courant incessantes. Après des années de domination de l’économie par l’État sous la présidence de Sékou Touré, son successeur Lansana Conté a entrepris la construction du premier grand barrage hydroélectrique, Garafiri, en 1999. Malgré cette avancée, il s’est avéré insuffisant pour répondre à la demande énergétique croissante de la capitale, Conakry.
Il a fallu attendre l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en 2010 pour que les barrages Kaléta et Souapiti voient le jour, offrant une lueur d’espoir pour résoudre le problème énergétique du Grand Conakry. Bien que ces infrastructures aient amélioré la situation, la fourniture d’électricité reste tributaire de solutions temporaires telles que l’utilisation de groupes électrogènes géants, une option efficace mais financièrement exorbitante.
Depuis 2010, au moins quatre directeurs se sont succédé à la tête de l’entreprise publique Électricité de Guinée (EDG), tous remerciés par la présidence pour leur mauvaise gestion. Actuellement, la compagnie est dirigée par un intérimaire, conséquence du renvoi du dernier directeur par le président Mamadi Doumbouya à la mi-mars.
La population, exaspérée par les coupures d’électricité chroniques, a exprimé son mécontentement à travers des émeutes déclenchées par une importante coupure de courant qui a plongé presque toute la capitale dans l’obscurité, deux jours avant l’incident à la centrale électrique. Face à ces défis persistants en matière d’approvisionnement énergétique, l’Union de la Défense des Consommateurs de Guinée a vivement critiqué l’absence de plan et de vision des autorités successives et a dénoncé la communication jugée « irresponsable » de l’EDG, selon M’bany Sidibé, président de l’Union.
Aziz Camara