Dans le paysage judiciaire guinéen, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a été un sujet de débat intense depuis sa création. La récente prise de parole d’un ancien garde des sceaux a ravivé les flammes de la controverse autour de cette institution, suscitant une vague de déception parmi la population.
Me Sidiki Bérété, éminent avocat, a récemment exprimé son scepticisme quant à l’avenir de la CRIEF après la période de transition. Dans des déclarations exclusives à Espace FM, Me Bérété a souligné que la création même de la CRIEF était entachée d’irrégularités, allant jusqu’à affirmer qu’elle avait été mise en place en violation flagrante de la loi régissant l’organisation judiciaire en République de Guinée.
« La CRIEF n’a même pas de légitimité. Comment peut-on créer une institution judiciaire par décret-loi, en contournant les procédures légales établies ? C’est trop, c’est arbitraire, c’est de l’humiliation, c’est de l’injustice », a déclaré avec véhémence Me Bérété.
L’avocat a également critiqué le caractère rétroactif des décisions de la CRIEF, soulignant que cette pratique remet en question le principe fondamental de la non-rétroactivité des lois pénales. Selon lui, la CRIEF est une aberration juridique, incompatible avec les principes élémentaires de l’État de droit.
« La CRIEF est tout sauf légitime. C’est pourquoi nous avons toujours invoqué l’article 733 du code de procédure sur son inconstitutionnalité même », a ajouté Me Bérété.
Les propos incisifs de l’avocat soulèvent des questions fondamentales sur la validité et la viabilité de la CRIEF dans le paysage juridique guinéen. Alors que la transition politique se poursuit, le sort de cette institution controversée reste incertain, suscitant des inquiétudes quant à son héritage et à son impact sur le système judiciaire du pays.
Alpha Amadou Diallo