La mise en place de délégations spéciales à la tête des communes urbaines et rurales en Guinée, une décision émanant des nouvelles autorités, suscite des réactions diverses parmi les acteurs sociopolitiques du pays.
Pour Emmanuel Fassou Sagno, activiste des droits de l’homme à Nzérékoré, cette initiative ne trouve pas d’écho favorable. Selon lui, bien que le mandat des élus locaux soit arrivé à son terme, il ne voit aucune raison pertinente justifiant la mise en place de ces délégations spéciales. Il remet également en question les critères de sélection des membres de ces délégations.
Cette décision du Comité National pour le Redressement et le Développement (CNRD) est vue d’un œil différent selon les points de vue. Certains estiment qu’elle est légitime, arguant que les mandats des élus locaux étaient déjà expirés. Cependant, pour d’autres comme Fassou Emmanuel Sagno, cette mesure semble superflue, car aucune élection ne pourrait être organisée dans les six prochains mois.
« Quelle était l’opportunité de nommer des maires maintenant alors qu’aucune mesure n’a été prise pour organiser de nouvelles élections ? Pour l’instant, rien n’indique que cela soit envisagé », s’interroge-t-il.
L’activiste exprime également des doutes quant à l’objectivité des choix des membres de ces délégations spéciales, craignant que des tensions sociales ne surgissent si les critères de sélection ne sont pas transparents. Il questionne : « Sur quelle base les présidents des délégations spéciales ont-ils été choisis ? Est-ce basé sur les compétences, les relations personnelles ou des critères communautaires ? Si certains éléments ne sont pas pris en compte dans le choix des représentants locaux, cela risque de créer des troubles, ce que nous ne souhaitons pas ».
La récente déclaration du président de la délégation spéciale de la commune rurale de Coolet, dans la préfecture de Télémilé en Moyenne-Guinée, lors de sa prise de fonction, n’a pas manqué de susciter la critique de l’activiste. Celui-ci estime que la plupart des membres de ces délégations sont nommés pour servir les intérêts du CNRD, et non ceux de la communauté.
« Les déclarations montrent clairement que ces individus sont là pour servir une institution plutôt que la communauté. C’est une cause perdue d’avance », a-t-il déploré.
En conclusion, Fasso Emmanuel Sagno conseille au CNRD, et plus particulièrement au président Mamadi Doumbouya, d’organiser les élections locales dans le respect des délais convenus avec la CEDEAO.
Alpha Amadou Diallo